Sahel : après avoir quitté la CEDEAO et rompu avec la France, le Mali réussit un exploit ; 30 milliards…

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Crédits photo : Collage L-Frii Media (Pexels)

Sa sortie récente de la CEDEAO aux côtés de ses compères de l’Alliance des États du Sahel (le Niger et le Burkina Faso) et sa rupture avec la France n’empêche pas le Mali de réussir sur la scène économique.

Le Mali démontre une fois de plus sa résilience économique malgré les tensions géopolitiques. L’État malien vient en effet de lever avec succès 30 milliards de FCFA sur les marchés financiers régionaux.

Il faut savoir que cette opération survient six mois après la sortie officielle du pays de la CEDEAO et bien plus longtemps après sa rupture diplomatique avec la France.

L’adjudication organisée par UMOA-Titres a enregistré un taux de couverture exceptionnel de 101,77 %. Ce chiffre montre l’appétit persistant des investisseurs pour la dette malienne. Contrairement aux prévisions pessimistes, les marchés font confiance au Mali post-CEDEAO.

L’opération portait sur trois instruments financiers distincts. Les bons du Trésor à 364 jours représentent l’échéance la plus courte, avec un remboursement prévu en juin 2026.

Ces titres permettent à l’État de financer ses besoins immédiats de trésorerie. Les obligations à 3 ans offrent une perspective à moyen terme, avec une échéance fixée à juin 2028. Enfin, les obligations à 5 ans constituent l’investissement le plus long, remboursable en juin 2030.

La totalité des soumissions reçues a été acceptée, soit 30,53 milliards de FCFA. Ce taux d’absorption de 100 % témoigne de la qualité de l’opération financière. Les investisseurs ont massivement répondu présent malgré le contexte politique tendu dans la région sahélienne.

La répartition par échéance révèle les préférences des investisseurs. Les bons à court terme ont dominé avec 20,01 milliards de FCFA collectés.

Leur taux marginal s’élève à 8,80 % avec un rendement moyen pondéré de 9,35 %. Ces conditions reflètent le niveau de risque perçu par les marchés financiers.

Les obligations à 3 ans ont mobilisé 10,345 milliards de FCFA. Leur prix marginal de 92 % indique une légère décote par rapport à la valeur nominale. Cette situation traduit les interrogations des investisseurs sur l’évolution économique du Mali à moyen terme.

Paradoxalement, les obligations à 5 ans n’ont attiré que 175 millions de FCFA. Cette faible souscription s’explique par l’incertitude politique à long terme. Les investisseurs préfèrent limiter leur exposition temporelle dans le contexte sahélien actuel.

La géographie des souscriptions dévoile des soutiens inattendus. Le Mali lui-même a investi massivement avec 21,6 milliards de FCFA. Cette participation nationale démontre la confiance des institutions maliennes dans leur propre économie.

Le Burkina Faso apparaît comme le deuxième souscripteur avec 2,555 milliards de FCFA. Cette solidarité financière illustre la cohésion de l’Alliance des États du Sahel. Les deux pays renforcent leurs liens économiques après leur sortie commune de la CEDEAO.

Étonnamment, la Guinée-Bissau a contribué pour 2,65 milliards de FCFA. Ce petit pays ouest-africain maintient donc ses investissements au Mali malgré les tensions régionales. Le Sénégal suit avec 1,405 milliard de FCFA, préservant ses relations économiques bilatérales.

Même la Côte d’Ivoire a participé à hauteur de 1,06 milliard de FCFA. Cette souscription ivoirienne surprend, compte tenu des divergences politiques entre Abidjan et Bamako depuis le départ de la CEDEAO.

Cette adjudication s’inscrit dans la stratégie de financement de l’UEMOA. Les États membres continuent d’utiliser les marchés financiers régionaux pour leurs besoins de développement. La date de valeur des titres est fixée au 12 juin 2025, officialisant cette opération réussie.

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