Le parquet russe a requis le 8 novembre 2024, 6 ans de prison contre une pédiatre russe accusée par la mère d’un de ses patients d’avoir critiqué dans une conversation privée l’offensive russe en Ukraine.
La médecin, Nadejda Bouïanova, 68 ans, s’est dit innocente devant un tribunal de Moscou.
Le procureur a demandé à la juge de « reconnaître coupable Bouïanova et lui infliger une peine de six ans de privation de liberté dans une colonie pénitentiaire ».
Détenue depuis avril 2024, la sexagénaire est arrivée menottée dans le box vitré réservé aux accusés.
Elle était soutenue par une dizaine de personnes dans la salle, a constaté l’AFP. « Je ne reconnais pas ma culpabilité, je suis innocente« , a-t-elle dit en pleurs avant le début de l’audience à travers la vitre, après que les menottes lui ont été enlevées.
Cette affaire illustre l’impitoyable répression visant les voix critiques, réelles ou supposées, de l’assaut de grande ampleur de l’armée russe contre l’Ukraine en février 2022, ainsi que les opposants au président russe Vladimir Poutine.
Les arrestations pour espionnage, trahison, sabotage, extrémisme ou pour de simples critiques de l’armée, se multiplient avec de très lourdes peines de prison à la clé à craindre pour les personnes accusées, souvent victimes de dénonciations.
Pour Nadejda Bouïanova, le calvaire a débuté en janvier quand la compagne d’un soldat tué au front, Anastassia Akinchina, 34 ans, l’a dénoncée.
Cette mère d’un garçon de sept ans soigné par Mme Bouïanova, a accusé la pédiatre de lui avoir dit que son mari disparu en Ukraine « était une cible légitime » pour les forces armées ukrainiennes et que « la Russie était un pays agresseur et attaquait les civils ukrainiens« .
Après avoir été licenciée, Nadejda Bouïanova avait été placée en détention fin avril et inculpée pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée russe qui aurait été motivée par la « haine ethnique« .
Elle doit aussi faire face au témoignage de son ancien patient de 7 ans, décrit par la défense comme « un témoin clé« . Les avocats de la pédiatre affirment que l’enfant n’était pas présent lors de la conversation entre les deux femmes, et relèvent qu’il n’y a pas d’enregistrement de leur échange.
Les collègues de la pédiatre ont lancé une pétition en ligne pour la soutenir qui a recueilli à ce jour plus de 6.000 signataires. Son licenciement avait été annulé en juillet par un tribunal de Moscou sans que cela n’ait de conséquence sur les poursuites pénales.
Avec AFP