Les données publiées ce mardi 18 février par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (Ieffa) révèlent pourtant une réalité contradictoire : la France a versé 2,68 milliards d’euros à la Russie en 2024 pour ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette somme correspond à une hausse spectaculaire de 81% par rapport à 2023.
Alors que le gouvernement français multipliait les annonces de sanctions et les gestes symboliques pour exercer une pression sur la Russie, le secteur de l’énergie poursuivait ses trajectoires d’investissement.
Les décisions prises lors de la crise, notamment en faveur du développement d’infrastructures méthanières, rappellent la logique d’un navire ajustant sa route malgré des turbulences extérieures.
La politique de sanction ne suffit pas à modifier en profondeur un système construit sur la nécessité de garantir un approvisionnement fiable, même si les contrats avec des fournisseurs alternatifs se multiplient depuis le début du conflit.
La position dominante de la France dans l’importation du GNL russe
La position dominante de la France dans l’importation du GNL russe s’explique par ses capacités techniques exceptionnelles.
En effet, l’Hexagone dispose d’infrastructures nettement supérieures à celles de ses voisins et rivaux européens, notamment l’Allemagne, ou encore l’Italie.
Cette infrastructure fait de la France une plaque tournante : le gaz débarqué dans les ports français est ensuite redistribué vers d’autres pays européens même si ces données ne sont pas officiellement rapportées.
Des objectifs européens compromis
Cette forte dépendance au GNL russe compromet l’ambition affichée par la Commission européenne d’une sortie totale du gaz russe d’ici 2027.
Si la part du gaz russe dans les importations européennes a chuté à 8% en 2023, la tendance à la baisse de la consommation marque le pas.
Les récentes évolutions témoignent d’une Europe en pleine transformation énergétique, avec une volonté affichée de rompre avec la dépendance aux pipelines russes.
Toutefois, malgré une diminution globale de la part russe dans les importations de GNL à l’échelle continentale, l’importance du marché français reste marquée.
Face à ces constats, la situation illustre la complexité des interactions entre décisions politiques et impératifs économiques.
La France, tout en affichant une ligne dure à l’égard de la Russie, continue de jouer un rôle stratégique dans la chaîne d’approvisionnement en GNL.
Ce paradoxe rappelle que les choix en matière d’énergie sont souvent le résultat d’équilibres difficiles à maintenir, où les engagements politiques et les nécessités du marché se heurtent au quotidien.