Coup dur pour la Russie, l’Ukraine vient de frapper fort. Une attaque ukrainienne d’ampleur a touché mardi des sites énergétiques et industriels dans plusieurs régions de Russie, y compris à l’aide de missiles de fabrication occidentale, provoquant des incendies.
L’Ukraine a multiplié ces derniers mois les attaques aériennes contre des dépôts de carburant, des raffineries et des sites militaires en Russie pour entraver la logistique des forces russes qui combattent en territoire ukrainien.
L’attaque de mardi a visé notamment la république du Tatarstan et la région de Saratov, sur la Volga, toutes deux situées à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne, ainsi que la région frontalière de Briansk.
Dans la région de Briansk, l’armée ukrainienne a revendiqué avoir frappé dans la nuit avec des missiles une usine chimique produisant des explosifs pour les forces russes et située à Seltso.
« L’usine produit de la poudre à canon, des explosifs et des composants pour fusées, y compris des munitions pour l’artillerie, les lance-roquette multiples, les avions, les missiles de croisière », a assuré l’armée.
Selon le ministère russe de la Défense, cette frappe ukrainienne a été menée à l’aide de six missiles américain ATACMS et six missiles britanniques Storm Shadow, qui ont tous été abattus sans faire de victime.
« Des missiles ont touché directement le site » et provoqué « un important incendie », a de son côté assuré une source au sein du service ukrainien de sécurité (SBU).
La Russie a promis une réplique systématique à toute frappe de missiles occidentaux sur son territoire, et a menacé de prendre pour cible le centre de Kiev ou encore d’utiliser son nouveau missile hypersonique expérimental Orechnik.
Raffineries et usines
La source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a aussi revendiqué des frappes sur une usine chimique dans la région de Toula, près de Moscou, un dépôt de munitions sur un aérodrome d’Engels, dans la région de Saratov, et une raffinerie de pétrole dans cette même région.
Les autorités locales russes ont aussi rapporté une attaque ukrainienne dans la banlieue de Kazan, chef-lieu du Tatarstan, où « une citerne de gaz a pris feu (…) à la suite d’une attaque de drone », a indiqué sur Telegram le gouvernement local, en assurant que « personne n’a été blessé ».
Dans la région de Saratov, située à environ 700 kilomètres au sud-est de Moscou, « deux entreprises industrielles ont été endommagées » à la suite d’une « attaque massive de drones », a écrit sur Telegram le gouverneur régional Roman Boussarguine.
Un incendie a été provoqué par cette attaque sur une entreprise à Engels, a-t-il indiqué, sans préciser la nature des dégâts causés à la deuxième entreprise frappée, située elle à Saratov.
Un responsable ukrainien, Andriï Kovalenko, à la tête du centre de lutte contre la désinformation, un organe de communication gouvernemental, a moqué sur Telegram les « lacunes du système de défense antiaérienne russe ».
« Raffineries de pétrole, dépôts pétroliers, usines produisant des composants d’armes, autant d’éléments sans lesquels l’armée russe ne pourra pas combattre de manière intensive », a-t-il assuré.
Selon lui, la frappe sur Kazan a « endommagé » l’usine Orgsintez, l’une des plus grandes entreprises de l’industrie chimique du bois en Russie.
M. Kovalenko a assuré qu’il s’agit d’une « installation stratégique qui revêt une importance directe pour le complexe militaro-industriel russe », dont les composants sont utilisés dans la production de véhicules blindés et d’armes.
Deux villages repris
Engels a déjà été visé le 8 janvier par une importante attaque de drones qui a provoqué un incendie sur un site pétrolier, où avaient péri deux pompier. Le feu n’avait pu être maîtrisé que cinq jours après son déclenchement.
L’armée de l’air ukrainienne a de son côté affirmé mardi avoir abattu 58 drones lancés par la Russie, tandis que 21 autres ont été éliminés par brouillage ou se sont écrasés.
Dans la région de Kharkiv, dans le nord-est du pays, un homme âgé de 52 ans a été tué par des tirs d’artillerie russes, selon les autorités locales.
L’Ukraine et la Russie ont intensifié leurs frappes ces derniers mois et veulent renforcer leurs positions avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump le 20 janvier, le président américain élu ayant dit vouloir oeuvrer à arrêter la guerre dès sa prise de fonction.
Sur le terrain, les forces russes poursuivent leur avancée, revendiquant la prise de deux villages dans l’est de l’Ukraine: Terny et Neskoutchné, qui avaient été libérés par les troupes ukrainiennes d’une première occupation russe respectivement en octobre 2022 et juin 2023.
Du côté de l’Ukraine, le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, est arrivé mardi matin à Kiev, où il doit évoquer la poursuite du soutien militaire à l’Ukraine.
L’Allemagne est le deuxième pourvoyeur d’aide militaire à l’Ukraine derrière les Etats-Unis, mais l’ampleur et la nature de ce soutien fait l’objet de nombreuses tergiversations.
© Avec l’AFP