Rivalité Algérie-Maroc : un projet de loi des États-Unis va tout changer

Rivalité Algérie-Maroc : un projet de loi des États-Unis va tout changer

Crédits photo : Création L-Frii Media (Code Couleur)

Dans la rivalité historique entre l’Algérie et le Maroc concernant le Sahara occidental, un projet de loi des États-Unis va tout changer.

Depuis des décennies, le Sahara occidental reste un point de tension brûlant entre deux puissances régionales : le Maroc et l’Algérie.

Alors que Rabat considère cette vaste région désertique comme partie intégrante de son territoire, Alger soutient ouvertement le Front Polisario, un mouvement qui réclame l’indépendance du Sahara occidental.

Ce différend territorial, enraciné dans la décolonisation espagnole des années 1970, n’a cessé d’alimenter des tensions diplomatiques, des ruptures de relations, et une véritable guerre de positions sur la scène internationale.

Les alliances extérieures, qu’elles soient africaines, européennes ou moyen-orientales, sont souvent mobilisées par l’un ou l’autre camp pour consolider ses arguments.

Face à ce climat déjà surchauffé, l’annonce d’un projet de loi au Congrès américain risque d’agir comme une étincelle sur un baril de poudre.

Washington jette une pierre dans le jeu maghrébin

Le « Polisario Front Terrorist Designation Act », présenté à la Chambre des représentants par Joe Wilson, membre influent du Congrès et fervent défenseur des intérêts stratégiques américains, vise ni plus ni moins à classer le Front Polisario comme organisation terroriste.

 Ce projet de loi, s’il venait à être adopté, engagerait directement la diplomatie des États-Unis sur une ligne radicalement favorable au Maroc face à l’Algérie. En substance, il affirme que le Front Polisario ne serait pas seulement un acteur indépendantiste, mais une milice armée, de surcroît adossée à des alliances explosives : la Russie, le Hezbollah et l’Iran. L’accusation est lourde, car elle rattache le groupe à des puissances globalement perçues comme hostiles aux États-Unis, renforçant ainsi l’image d’un réseau tentaculaire opérant aux portes de l’Europe et perturbant l’équilibre sécuritaire au Maghreb.

L’argumentaire de Wilson souligne aussi le lien historique entre Washington et Rabat, rappelant un partenariat vieux de plus de deux siècles.

Cette fidélité diplomatique vient ici renforcer la légitimité marocaine aux yeux de certains élus américains, en particulier ceux qui adoptent une lecture géostratégique où stabilité régionale et endiguement de l’influence iranienne vont de pair.

Une manœuvre aux conséquences régionales

Si le texte n’a pour l’instant qu’une portée symbolique, sa simple existence suffit à provoquer des remous. Pour l’Algérie, principal soutien du Front Polisario depuis ses origines, ce geste représente une provocation directe et une remise en cause de sa posture diplomatique. Alger a toujours défendu que son appui au mouvement sahraoui se veut dans une logique de décolonisation et de respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le fait que des voix influentes à Washington assimilent désormais ce soutien à une alliance avec des groupes comme le Hezbollah change radicalement les termes du débat.

Ce virage rhétorique pourrait avoir un impact sur les aides internationales, les positionnements au sein de l’ONU, et surtout sur les perceptions dans d’autres capitales africaines, jusque-là prudentes sur le dossier. Plusieurs États, sensibles aux pressions américaines ou à la dynamique des alliances militaires, pourraient revoir leur soutien implicite ou explicite au Polisario.

Le Maghreb dans le viseur des rivalités globales

Derrière ce texte de loi se profile une reconfiguration plus large des alliances et des priorités sécuritaires des puissances mondiales au Maghreb. En associant le Polisario à Téhéran et Moscou, le Congrès américain introduit un nouveau langage dans le conflit : celui de la guerre par procuration. Ainsi, le Maghreb ne serait plus seulement une scène de conflit localisé, mais un carrefour de rivalités stratégiques où se croisent intérêts américains, ambitions russes et stratégies d’influence iraniennes.

Les enjeux économiques, énergétiques et militaires viennent donc s’ajouter aux considérations historiques. Le Sahara occidental, riche en ressources naturelles et territoire stratégique entre Atlantique et Méditerranée, devient un pion central dans une partie d’échecs qui dépasse largement les acteurs régionaux.

Si le projet de loi aboutit, il pourrait ouvrir la voie à des sanctions ciblées, à une surveillance accrue des réseaux de financement, voire à une relecture du rôle de certaines ONG et partenaires internationaux sur le terrain.

En fin de compte, cette proposition législative américaine n’est pas seulement une prise de position symbolique : elle pourrait inaugurer une nouvelle ère de polarisation au Maghreb, avec des conséquences diplomatiques, économiques et militaires bien au-delà du seul Sahara occidental. Le statu quo, déjà fragile, semble désormais plus incertain que jamais.

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