Restriction de visa : le Nigeria dit « non » aux États-Unis

Le Nigeria réussira-t-il à freiner les Etats-Unis dans leur élan de restreindre l’obtention de visa par des pays africains ?

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump semble déterminé à reprendre le fil d’une politique migratoire dure, en particulier vis-à-vis du continent africain.

Plusieurs pays, comme le Togo ou le Tchad, ont déjà vu leurs ressortissants confrontés à des restrictions sévères en matière de délivrance de visas. Et maintenant, le Nigeria, première puissance démographique d’Afrique, a désormais rejoint la liste.

Visa : les États-Unis durcissent les conditions pour le Nigéria

Les États-Unis ont en effet décidé de réduire drastiquement la validité des visas délivrés aux Nigérians pour les catégories non-immigrants B1/B2 (affaires et tourisme), F (étudiants) et J (échanges culturels).

Désormais, ces visas sont limités à trois mois avec une seule entrée, contre des durées bien plus longues auparavant.

Face à cette mesure, Abuja n’a pas tardé à réagir. Par voie de communiqué publié sur X le 9 juillet 2025, le gouvernement fédéral a exprimé son « inquiétude » et a appelé Washington à revenir sur cette décision.

Il dénonce une mesure disproportionnée et injuste, qui pèse lourdement sur les étudiants, les familles, les hommes d’affaires, et plus largement sur tous ceux qui souhaitent entretenir des liens avec les États-Unis.

Dans son communiqué, le Nigeria insiste sur un principe central des relations internationales : la réciprocité.

Alors que les citoyens américains bénéficient d’un accès relativement souple au Nigeria, pourquoi imposer des restrictions aussi sévères aux Nigérians ?

Cette asymétrie va, selon Abuja, à l’encontre de l’esprit de coopération entre deux pays qui partagent des liens politiques, économiques et humains de longue date. Mais cette protestation diplomatique peut-elle réellement infléchir la position américaine ?

Le Nigeria réussira-t-il à faire plier les Etats-Unis ?

Le Nigeria joue ici une carte importante. En tant que géant du continent, avec une population de plus de 235 millions d’habitants et une influence grandissante en matière de sécurité régionale, de lutte contre le terrorisme et de commerce, il dispose de leviers pour faire entendre sa voix.

De nombreux experts estiment que les États-Unis ont intérêt à maintenir une relation forte et équilibrée avec Abuja, notamment pour contenir l’influence croissante de la Chine et de la Russie en Afrique de l’Ouest.

Cependant, la politique américaine actuelle est marquée par un restriction migratoire. Pour l’administration Trump, réduire les flux migratoires et resserrer les conditions d’obtention de visa fait partie d’un projet de sécurité intérieure et de « préférence nationale ». Dans ce contexte, même les protestations diplomatiques les plus argumentées risquent de ne pas suffire.

Il n’empêche que le Nigeria tente de faire la différence. Le gouvernement nigérian mise sur la solide relation avec les Etats-Unis pour obtenir un assouplissement, à défaut d’un retour à la situation antérieure.

Cette affaire pourrait donc devenir un test pour l’ensemble du continent africain. Si le Nigeria parvient à convaincre Washington de réviser sa position, cela enverrait un signal fort aux autres États africains.

Mais dans le cas contraire, cela confirmerait un basculement plus large vers une relation de méfiance, où les enjeux de sécurité et de contrôle l’emportent sur les logiques de coopération.

En attendant l’issue des tractations, c’est toute une jeunesse nigériane — celle qui rêve d’étudier ou de travailler à l’étranger — qui se retrouve confrontée à un mur administratif et politique. Un mur que le gouvernement d’Abuja espère encore pouvoir fissurer.

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