La consommation d’antibiotiques a connu une nouvelle augmentation en France en 2024 en médecine de ville et retrouvé des niveaux comparables à l’avant-Covid, ont annoncé mardi les autorités sanitaires, martelant l’importance de réduire un usage excessif.
Le léger reflux de 2023 « ne se confirme donc pas en 2024 », selon une étude annuelle de Santé publique France (SpF) à partir de données sur les remboursements de la Sécurité sociale.
« Une part importante de la population – 40% – bénéficie tous les ans d’au moins d’une prescription d’antibiotiques, et la consommation ainsi que la prescription ont augmenté chacune en 2024 en secteur de ville – responsable de presque 93% de la consommation totale en France -, de +5,4% et de +4,8% respectivement », a résumé à l’AFP le Dr Rémi Lefrançois, responsable de l’unité de surveillance de la résistance aux antibiotiques à l’agence sanitaire.
Pour expliquer la « cassure » dans une tendance globalement à la baisse depuis 2014, « l’une des hypothèses est liée aux épidémies saisonnières hivernales (grippe, bronchiolite), d’activité assez soutenues en 2024, majoritairement virales (…) mais pouvant entraîner des prescriptions d’antibiotiques », inefficaces, a-t-il exposé.
La France reste « loin de l’objectif cible de 650 prescriptions pour 1.000 habitants par an d’ici 2027 » et au « 2e rang des pays consommant le plus d’antibiotiques en Europe », a commenté le Dr Caroline Semaille, directrice générale de SpF, citée dans un communiqué, appelant à « continuer à mieux sensibiliser ».
Réduire la consommation d’antibiotiques est un objectif des autorités sanitaires principalement pour freiner la propagation de bactéries de plus en plus résistantes, phénomène sur lequel l’Organisation mondiale de la Santé a encore alerté mi-octobre.
Selon les profils ou territoires en France, il existe des divergences de prescriptions et d’usage des antibiotiques.
Chez les enfants de 0-4 ans, les prescriptions d’antibiotiques se sont globalement stabilisées en 2024 – à un niveau légèrement inférieur à celui de 2019 -, mais ont particulièrement augmenté au troisième trimestre, sur fond d’épidémies saisonnières. Chez les seniors (65-79 ans et plus de 80 ans), elles ont augmenté.
Les généralistes, source de la majorité des ordonnances, en ont prescrit davantage en 2024 (+6,2%) après avoir réduit l’année précédente, les spécialistes aussi, dans une moindre mesure (+1,5%). Statu quo chez les chirurgiens-dentistes (-0,2%).
La consommation reste globalement plus importante chez les femmes que chez les hommes, et dans certaines régions, Corse et PACA en tête.
© AFP