La Bolivie et les Etats-Unis vont rétablir leurs relations diplomatiques, rompues depuis 2008, ont annoncé ce samedi 8 novembre 2025 le président bolivien, Rodrigo Paz, tout juste intronisé, et le secrétaire d’Etat adjoint américain, Christopher Landau.
« Nous allons établir ces relations », a déclaré le nouveau président bolivien lors d’une rencontre avec le représentant américain peu après avoir prêté serment à La Paz, en présence de plus de 70 délégations internationales.
M. Landau a précisé qu’elles seraient rétablies « au niveau des ambassadeurs, comme cela aurait toujours dû être ». « Nous voulons établir une bonne relation avec ce nouveau gouvernement », a-t-il ajouté lors d’une rencontre bilatérale avec M. Paz.
L’ex-président de gauche, Evo Morales, avait expulsé il y a 17 ans le plus haut représentant diplomatique des Etats-Unis dans le pays, l’accusant de soutenir un complot de la droite. Washington avait répliqué en faisant de même.
Le nouveau président de centre droit a promis lors de son discours d’investiture que « plus jamais » la Bolivie ne serait « isolée » du monde. Son investiture met fin à vingt ans de gouvernements socialistes dans un pays plongé dans une grave crise économique.
« La Bolivie revient dans le monde, et le monde revient vers la Bolivie », a-t-il ajouté. Déjà avant son investiture, il avait annoncé son intention d’ouvrir la Bolivie au monde, en rétablissant notamment les relations avec les Etats-Unis.
Parmi les principaux dirigeants présents à la cérémonie outre M. Landau, les présidents Gabriel Boric (Chili), Javier Milei (Argentine) et Yamandú Orsi (Uruguay).
L’élection le 19 octobre de Rodrigo Paz, 58 ans, fils de l’ancien président Jaime Paz Zamora (1989-1993), marque un virage politique majeur dans le pays andin. Elle met fin à deux décennies de domination du Mouvement vers le socialisme (MAS), dirigé pendant 26 ans par Evo Morales, au pouvoir de 2006 à 2019, puis par son successeur, le président sortant Luis Arce.
« Purification »
L’ancien sénateur accède au pouvoir dans un pays qui, sous Morales a poussé très loin le virage à gauche : nationalisation des ressources énergétiques, alliances avec le Venezuela de Hugo Chavez, Cuba, la Chine, la Russie ou encore l’Iran.
Le nouveau chef de l’Etat a été ovationné à son entrée au palais législatif, où étaient présents élus et invités étrangers. Alors qu’une pluie torrentielle s’abattait sur la place d’Armes, où se trouvent le Parlement et le palais présidentiel, il y a vu une « purification » offerte au pays par la « Pachamama » (la Terre-Mère).
Elu sous les couleurs du Parti démocrate-chrétien, il hérite d’un pays plongé dans sa pire crise économique en quarante ans, miné par une pénurie de dollars et de carburants.
Son prédécesseur a quasiment épuisé les réserves de devises en finançant une politique coûteuse de subventions des carburants. L’inflation annuelle atteignait encore 19% en octobre, après un pic de 25% en juillet.
Rodrigo Paz a promis de réduire de plus de moitié les subventions aux carburants et de lancer un programme de « capitalisme pour tous », centré sur la formalisation de l’économie, la simplification administrative et la baisse des impôts.
« Assez d’idéologies qui ne donnent pas à manger. Ce qui donne à manger, c’est l’emploi, la production, la croissance et le respect de la propriété privée », a-t-il déclaré, promettant un « gouvernement de l’innovation, de la science, de la technologie et de l’avenir vert ».
« Nous défendrons nos rivières, nos forêts et nos glaciers. Le développement économique ira de pair avec le respect de l’environnement », a-t-il ajouté, alors que se tient la COP30 sur le climat à Belém, au Brésil. « Nous allons bâtir un nouveau concept : le gouvernement vert de la Bolivie », a-t-il conclu.
Héritier d’une influente dynastie politique, Rodrigo Paz se présente comme un modéré, prônant le consensus et la réconciliation nationale.
© AFP