Dans le labyrinthe administratif des acceptations et des refus de visa Schengen, une réalité brutale se dessine pour certains pays du Sud.
L’année 2023 a vu se creuser un fossé entre les aspirations de voyage et la dure réalité des refus, frappant de plein fouet les économies fragiles de plusieurs nations africaines.
Les Comores émergent comme le cas le plus saisissant de ce phénomène. Avec un taux de refus vertigineux de 61,3%, ce petit archipel de l’océan Indien voit ses citoyens investir en vain 13,4% de leur salaire moyen dans des demandes souvent infructueuses. Un chiffre qui résonne comme un glas pour les rêves d’Europe de nombreux Comoriens.
La Guinée-Bissau suit de près, avec 51% de refus. Dans ce pays où le salaire moyen atteint à peine 593 euros, chaque demande rejetée représente un coup dur pour l’économie familiale.
Plus de 210 000 euros ont ainsi été engloutis en 2023 dans des démarches sans issue.
Mais c’est peut-être au Ghana que la situation prend un tour plus dramatique encore. Avec un taux de refus de visa schengen de 47,5%, les Ghanéens voient s’évaporer 28,2% de leur revenu mensuel à chaque tentative avortée.
C’est un ratio qui illustre cruellement le fossé entre les ambitions de mobilité et les réalités économiques.
Ces chiffres soulèvent des questions cruciales sur l’équité du système Schengen. Alors que le coût des demandes de visa augmente – passant à 90 euros en juin 2024 – l’impact sur les économies les plus fragiles s’annonce encore plus sévère.
Cette situation pose un défi majeur à l’Union européenne : comment concilier sécurité des frontières et équité d’accès, sans pour autant pénaliser injustement les citoyens des pays les moins favorisés ?
La réponse à cette question pourrait bien redessiner les contours de la politique migratoire européenne dans les années à venir.