Réduite après la sortie des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), la CEDEAO ne s’arrête pas de tourner puisqu’elle vient d’adopter un nouveau plan d’action pour l’enfance.
Dakar a en effet accueilli en cette fin d’octobre 2025 une réunion consacrée à l’enfance. La sortie du Burkina Faso, du Mali et du Niger est devenue effective le 29 janvier dernier, privant ainsi l’organisation ouest-africaine de trois États fondateurs. Pourtant, malgré cette amputation géopolitique, la Direction des Affaires humanitaires et sociales poursuit son agenda.
Du 20 au 24 octobre, directeurs nationaux, représentants onusiens et acteurs de la société civile se sont réunis dans la capitale sénégalaise.
L’objectif était d’évaluer huit années de mise en œuvre du Cadre stratégique de 2017 et valider le Plan opérationnel conjoint CEDEAO-GRPE pour 2026. Ce document résulte d’une collaboration avec le Groupe régional de protection de l’enfant.
Olatunde Olayemi, s’exprimant pour la Commission, a rappelé que la protection des mineurs demeure une priorité politique. Il a évoqué plusieurs instruments déjà déployés : la Politique de l’Enfant couvrant la période 2019-2030, les plans régionaux contre le travail et la traite des enfants, ainsi que le Système régional de gestion de l’information sur les droits de l’enfant, connu sous l’acronyme ECRIMS. Ce dernier vise à renforcer la gouvernance par les données.
Parmi les participants figuraient l’UNICEF, l’Organisation internationale pour les migrations, Plan International, mais aussi ENDA Jeunesse Action, Terre des Hommes, SSI-WA et SOS Villages d’Enfants. Tous ont salué le maintien d’une plateforme de coordination régionale. Bref, une constance institutionnelle appréciée.
Toutefois, les discussions ont révélé la persistance d’obstacles tenaces : insécurité croissante, déplacements forcés de population, pratiques néfastes et pressions économiques qui fragilisent les plus jeunes.
Les États membres et leurs partenaires ont pris plusieurs engagements. Ils promettent d’augmenter les budgets nationaux dédiés à la protection de l’enfance, d’harmoniser les rapports via l’ECRIMS, d’encourager la participation directe des enfants aux politiques qui les concernent, de domestiquer les instruments régionaux, et de renforcer la coopération transfrontalière.
Enfin, la mobilisation soutenue des ressources financières reste au cœur des priorités pour garantir à chaque enfant d’Afrique de l’Ouest un environnement sûr et propice à son épanouissement.
Au final, cette réunion intervient alors que l’organisation compte désormais douze États membres en 2025. Le départ des trois pays de l’AES, officialisé après des mois de tensions diplomatiques, redessine les contours de l’intégration ouest-africaine ; reste à savoir si cette CEDEAO réduite saura préserver ses acquis sociaux tout en faisant face à une reconfiguration géopolitique comme avec ce nouveau plan d’action.