Le Conseil de sécurité des Nations unies ou de l’ONU a adopté ce vendredi 19 décembre 2025 une résolution exigeant le retrait des troupes du Rwanda de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les quinze membres ont voté à l’unanimité ce texte qui condamne l’offensive du Mouvement du 23 mars, groupe rebelle soutenu par Kigali selon les experts onusiens. La résolution prolonge également d’un an le mandat de la MONUSCO, mission de maintien de la paix déployée sur le territoire congolais depuis plus de deux décennies.
Ce vote intervient une semaine après que Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont rencontré Donald Trump à Washington. Les deux présidents avaient alors réaffirmé leur engagement envers un accord de paix négocié par les États-Unis.
Bref, les promesses diplomatiques n’ont pas empêché la poursuite des combats sur le terrain. Le M23 continue son avancée dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, régions riches en minerais où se concentrent les groupes armés depuis des années.
Des accusations qui se heurtent à un démenti
Le texte adopté exige que le Rwanda cesse immédiatement de soutenir le M23 et retire ses forces du territoire congolais sans conditions préalables. Selon les experts des Nations unies cités dans la résolution, environ 4 000 soldats rwandais appuient actuellement les opérations du groupe rebelle. Ces troupes justifient leur présence par des « mesures défensives » face aux Forces démocratiques de libération du Rwanda, milice hutue fondée par des participants au génocide de 1994.
Kigali rejette ces accusations. Le gouvernement rwandais attribue l’escalade de la violence aux forces congolaises et burundaises. Il affirme que Kinshasa instrumentalise le conflit pour obtenir un soutien national et museler l’opposition. Enfin, le Rwanda pointe du doigt la collaboration entre l’armée congolaise et les FDLR, groupe sous sanctions onusiennes depuis des années.
La résolution réclame également des autorités congolaises qu’elles tiennent leur engagement de neutraliser les FDLR. Ces combattants hutus, impliqués dans le génocide rwandais qui a fait près d’un million de morts parmi les Tutsis et Hutus modérés, opèrent dans l’est du Congo depuis plus de trente ans. Leur présence alimente les tensions régionales et fournit au Rwanda un argument pour justifier ses interventions militaires transfrontalières.
Une mission de paix prolongée dans un contexte tendu
Le Conseil de sécurité a renouvelé jusqu’au 20 décembre 2026 le mandat de la MONUSCO. Près de 11 500 soldats et policiers participent actuellement à cette opération, l’une des rares missions onusiennes soutenues par l’administration Trump. Washington cherche à faire appliquer l’accord de paix qu’il a contribué à négocier, malgré la détérioration continue de la situation sur le terrain.
La mission fait face à un rejet croissant de la population congolaise. Des manifestations violentes ont éclaté à plusieurs reprises ces dernières années, accusant les Casques bleus d’inefficacité et de passivité face aux exactions des groupes armés. Le gouvernement de Kinshasa avait initialement demandé un retrait accéléré de la MONUSCO, mais la dégradation sécuritaire a gelé ce plan.
Les processus de Luanda et de Nairobi, principaux mécanismes de médiation régionale, peinent à produire des résultats concrets. Le sommet prévu à Luanda en décembre a été annulé, et les cessez-le-feu successifs ont été violés à répétition. Le M23 contrôle désormais des pans importants du Nord-Kivu, notamment des zones aurifères stratégiques comme le gisement de Lubira.
La situation humanitaire se détériore rapidement. Selon les chiffres des Nations unies, près de 6,4 millions de personnes sont déplacées en RDC en raison des conflits armés et des catastrophes naturelles. Les affrontements entre le M23 et les milices wazalendo, coalitions de groupes armés locaux alliés à l’armée congolaise, provoquent des exodes massifs. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés signale un afflux sans précédent vers les pays voisins, notamment le Burundi et l’Ouganda.