L’armée congolaise (RDC) a accusé ce mardi 12 août 2025, le groupe M23 soutenu par le Rwanda d’avoir mené de « multiples attaques » contre ses positions dans l’est du pays, où des combats font rage depuis le vendredi 8 août, menaçant un fragile cessez-le-feu obtenu par une médiation américaine et qatarie.
Depuis sa résurgence fin 2021, le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, s’est emparé de vastes pans de territoires dans l’est, riche en ressources naturelles, de la RDC, notamment des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février.
Kinshasa et le M23 ont signé une déclaration de principes à Doha le 19 juillet, dans laquelle les deux parties ont réaffirmé « leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu permanent », dans la foulée de la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington fin juin.
Mais sur le terrain, les violences se poursuivent et ont gagné en intensité depuis vendredi aux environs de la localité de Mulamba, dans la province orientale du Sud-Kivu, où la ligne de front est relativement stable depuis le mois de mars.
Selon des sources locales et sécuritaires, le M23 a attaqué des positions tenues par miliciens progouvernement et des militaires des Forces armées de RDC (FARDC) aux environs de Mulamba, et les a repoussés de quelques kilomètres au terme d’affrontements à l’arme lourde et légère, entre vendredi et lundi.
Ces attaques « quasi-quotidiennes » constituent une « violation intentionnelle et manifeste » de l’accord de paix de Washington et de la déclaration de principes de Doha, a affirmé le porte-parole des FARDC, Sylvain Ekenge, dans un communiqué publié mardi.
Les FARDC se disent prêtes à répondre « à toutes les provocations de cette coalition habituée à violer les accords », selon ce texte.
Dans un communiqué publié lundi, le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, a de son côté accusé Kinshasa de mener des « manœuvres militaires offensives en vue d’un conflit à grande échelle ».
Après une accalmie mardi matin, les combats ont repris dans l’après-midi aux alentours de Mulamba, localité située à environ 80 km au sud-ouest de Bukavu, la capitale provinciale, selon des sources locales contactées par l’AFP.
Tueries
Dimanche, des renforts avaient été acheminés tant par l’armée congolaise que par le M23 en direction de Mulamba, ont indiqué des sources locales et sécuritaires.
Une éventuelle percée dans cette zone montagneuse permettrait au M23 d’accéder à de nombreux gisements miniers, principalement d’or et en majorité exploités par des entreprises chinoises.
Les deux parties n’ont fourni aucun bilan des combats.
L’est de la RDC est ravagé par 30 années de conflits et a connu une nouvelle flambée de violence avec les offensives du M23 sur Goma et Bukavu, qui ont fait des milliers de morts.
Malgré les accords signés à Washington et à Doha, de multiples accrochages opposent les belligérants et les tueries de civils se poursuivent.
Début août, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a accusé le M23 d’avoir tué au moins 319 civils en juillet, dans des zones sous son contrôle.
Il a en outre regretté que les effets sur le terrain du cessez-le-feu conclu entre le gouvernement de RDC et le M23 se fassent attendre.
Les « progrès significatifs sur le terrain restent limités, laissant les communautés affectées dans un état d’incertitude profonde », a-t-il dénoncé.
Plus de deux millions de personnes ont fui les violences depuis janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où le M23 est actif, selon un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) publié fin juillet.
© Agence France-Presse