Le M23 et les troupes rwandaises ont lancé mercredi une nouvelle offensive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et se sont emparés d’une cité minière dans la province du Sud-Kivu, reprenant leur progression vers la capitale provinciale Bukavu.
Après s’être emparés la semaine dernière de Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, le M23 avait décrété unilatéralement un cessez-le-feu humanitaire censé être en vigueur depuis mardi. Il avait ajouté n’avoir « aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités ».
Le groupe armé antigouvernemental et les troupes rwandaises ont initié à l’aube d’intenses combats contre les forces armées congolaises dans le Sud-Kivu, selon des sources sécuritaires et humanitaires à l’AFP. Ils se sont emparés de la cité minière de Nyabibwe, à environ 100 km de Bukavu et 70 km de l’aéroport provincial.
« C’est bien la preuve que le cessez-le feu unilatéral qui avait été décrété était comme d’habitude un leurre », a réagi auprès de l’AFP le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya.
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves conclus entre les deux parties n’ont jamais été respectés dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans.
Des sources locales et militaires indiquaient ces derniers jours que l’armée congolaise comme le M23 (« Mouvement du 23 mars) et ses alliés rwandais étaient en train de se renforcer en troupes et en matériel dans la région.
Les organisations régionales, des pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya, l’ONU, l’UE et la communauté internationale tentent de trouver une issue diplomatique à cette crise, craignant un embrasement régional.
Selon des sources diplomatiques, la survie du régime du président congolais Félix Tshisekedi, réélu pour un deuxième mandat en décembre, pourrait également être en jeu si le M23 et les troupes rwandaises continuent de gagner du terrain dans l’est.
Sommet à Dar es Salaam
Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame doivent participer samedi à Dar es Salaam à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit auparavant se réunir en urgence vendredi, à la demande de Kinshasa, pour évoquer la crise.
Parallèlement aux laborieux efforts diplomatiques, plusieurs pays voisins ont d’ores ont indiqué renforcer leurs défenses.
L’armée ougandaise a ainsi annoncé la semaine dernière qu’elle adopterait « une posture défensive avancée » pour « empêcher les nombreux autres groupes armés » opérant dans l’est de la RDC d’« exploiter la situation ».
L’armée cite en particulier le groupe armé des ADF (Forces démocratiques alliées): à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, ils ont tué des milliers de civils et multiplient pillages et meurtres, malgré le déploiement de l’armée ougandaise aux côtés des forces armées congolaises.
Le Burundi a pour sa part accusé le Rwanda de « préparer quelque chose » contre lui et affirmé qu’il n’allait pas « se laisser faire ».
Dans cette région explosive, meurtrie par plusieurs décennies de conflit, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses ressources naturelles.
Le Rwanda nie et affirme vouloir y éradiquer des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.
A Goma, les combats ont fait au moins 900 morts, selon le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Les corps de 14 soldats sud-africains tués dans des combats contre le M23 doivent être rapatriés mercredi, selon l’armée sud-africaine.
Certains étaient déployés dans le cadre de la mission des Nations unies (Monusco), d’autres dans les forces régionales d’Afrique australe (SAMIRDC).
© Avec l’AFP