RDC : à peine l’accord de paix signé ; le pays va recevoir 145 milliards pour…

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Crédits photo : Collage (Pexel : John Guccione / Pixabay : GDJ)

Après la signature de l’accord de paix avec le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC) reçoit une excellente nouvelle en provenance du Fonds monétaire international (FMI) : 145 milliards décaissés.

Le FMI vient en effet d’approuver un décaissement de 262 millions de dollars pour le pays d’Afrique centrale. Cette somme, équivalente à 145 milliards de francs CFA, arrive quelques jours seulement après la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda le 27 juin 2025. Cette coïncidence temporelle peut appeler à la réflexion.

C’est le conseil d’administration du FMI qui a validé cette aide dans le cadre de la première revue du programme de Facilité élargie de crédit (FEC). Cette facilité, approuvée initialement le 15 janvier 2025, s’étend sur trois ans pour un montant total de 2,1 milliards de dollars (soit 1 167  milliards de francs CFA). L’objectif primaire est de renforcer les réserves internationales du pays et de créer des marges de manœuvre face aux chocs extérieurs.

Cette décision intervient dans un contexte économique contrasté pour la RDC. D’un côté, l’économie congolaise affiche une croissance remarquable de 6,5% en 2024, tirée principalement par le secteur extractif.

De l’autre, le pays a fait face à une escalade du conflit armé à l’Est depuis la fin de l’année 2024. Malgré ces défis sécuritaires, l’activité économique est restée dynamique selon le FMI.

L’institution de Bretton Woods souligne plusieurs progrès encourageants. L’inflation a chuté significativement, passant de 23,8% fin 2023 à 8,5% en juin 2025.

Cette amélioration découle d’une politique monétaire rigoureuse menée par la Banque centrale du Congo. Par ailleurs, la stabilité extérieure s’est renforcée grâce à la réduction du déficit courant et à l’accumulation de réserves internationales.

Cependant, tous les objectifs ne sont pas atteints. Le déficit budgétaire intérieur a dépassé les prévisions, atteignant 0,8% du PIB en 2024 contre une cible de 0,3%. Cette dérive s’explique principalement par des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité et aux investissements publics. Le FMI a néanmoins accordé des dérogations pour ces non-conformités, considérant leur caractère temporaire.

L’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis représente un développement majeur selon le FMI. Bien que fragile, ce pas vers la désescalade pourrait permettre un recentrage des efforts nationaux sur les priorités de développement et de stabilité macroéconomique.

L’accord prévoit notamment un plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe armé hutu accusé par Kigali d’être à l’origine des incursions militaires en territoire congolais.

Toutefois, cet accord présente des limites importantes. Il ignore le groupe AFC/M23, dont les discussions se poursuivent séparément à Doha au Qatar.

De plus, les victimes civiles du conflit ne bénéficient d’aucun mécanisme de justice ou de réparation dans le texte signé. Cette absence constitue une faiblesse majeure selon plusieurs observateurs.

Le FMI encourage désormais la RDC à intensifier les réformes structurelles dans plusieurs domaines clés. La gouvernance, la lutte contre la corruption, la transparence budgétaire et l’amélioration du climat des affaires figurent parmi les priorités. Le renforcement du cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est également souligné.

Cette aide financière de 145 milliards de francs CFA porte le montant total des fonds déjà débloqués par le FMI en faveur de la RDC à plus de 523 millions de dollars. Elle témoigne de la confiance relative de l’institution dans la capacité du pays à maintenir sa stabilité macroéconomique malgré les défis sécuritaires persistants à l’Est.

L’avenir économique de la RDC dépendra largement de la mise en œuvre effective de l’accord de paix et de la poursuite des réformes structurelles. La coïncidence entre la signature de l’accord et l’approbation du financement du FMI offre une fenêtre d’opportunité pour le pays, à condition que les engagements pris soient respectés de part et d’autre.

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