Rafael Nadal, roi incontesté de la terre battue qui a contribué à écrire depuis 2001 quelques-unes des plus mémorables pages de l’histoire du tennis, a annoncé ce jeudi 10 octobre 2024 qu’il prenait sa retraite, à 38 ans, à la tête d’un palmarès phénoménal comptant notamment 22 titres du Grand Chelem.
« Dans la vie, tout a un début et une fin et je pense que le moment est venu de mettre un terme à ma carrière, qui a été longue et bien plus couronnée de succès que je n’aurais pu l’imaginer », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur son compte X.
Lâché par son corps ces deux dernières saisons, lors desquelles il a multiplié les problèmes physiques, il a toutefois précisé qu’il disputerait encore une dernière compétition, à savoir la finale de la Coupe Davis prévue à Malaga le mois prochain.
« Je suis très enthousiaste à l’idée que mon dernier tournoi soit la finale de Coupe Davis, et d’y représenter mon pays. Je pense que c’est une façon de boucler la boucle quand l’une de mes premières grandes joies comme joueur professionnel fut la finale » de cette épreuve, remportée en 2004 à Séville, a ajouté le Majorquin.
Guerrier
Deux ans après Roger Federer (retraité depuis septembre 2022), l’Espagnol quitte donc à son tour le circuit, laissant Novak Djokovic orphelin à 37 ans de ses deux principaux rivaux.
Son dernier match remonte aux Jeux olympiques de Paris, sur la terre battue de Roland-Garros, où il a écrit pendant près de 20 ans les plus grandes pages de son histoire.
Très loin de son meilleur niveau physique, faute d’avoir pu jouer assez depuis son retour sur les courts en janvier, il avait explosé au deuxième tour contre Djokovic 6-1, 6-4, son usure physique étant devenu criante.
Comme Federer, Nadal laisse un trou immense dans le monde du tennis, au regard de son palmarès, mais également de sa personnalité de guerrier tellement appréciée du public.
Né le 3 juin 1986 à Manacor, sur l’île de Majorque, Rafa a délaissé tout jeune le football pour le tennis, où il a été guidé pendant quasiment toute sa carrière par son oncle Toni.
Enfant de la terre battue
Élevé sur la terre battue, c’est sur cette surface qu’il a bâti sa légende : il a remporté 14 fois Roland-Garros en 18 participations, explosant les records, et y a gagné 112 matches pour quatre défaites et un forfait.
Le deuxième joueur le plus titré à Roland-Garros, Björn Borg, y compte six titres et le deuxième joueur le plus titré dans un même tournoi du Grand Chelem est Djokovic (10 fois l’Open d’Australie).
Mais Nadal s’est également illustré sur toutes les autres surfaces : avec Djokovic, ils sont les seuls joueurs de l’ère Open (depuis 1968) à avoir remporté au moins deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem.
Et le Majorquin a été impliqué dans les plus marquantes finales de l’Open d’Australie et de Wimbledon, ainsi que dans l’une des plus mémorables de l’US Open.
À Melbourne, il a perdu la plus longue finale jamais jouée en Majeur, en 2012 contre Djokovic (5h53). À Wimbledon, il a mis un terme en 2008 à une série de cinq titres de Federer à l’issue d’un match qui s’est terminé à la nuit tombante.
À Flushing Meadows, il a enrayé le retour de Daniil Medvedev en 2019 pour remporter en cinq sets son quatrième et dernier titre new-yorkais.
Douleur incurable
Coutumier des exploits, il a été handicapé toute sa carrière par les blessures. La plupart sont liées à son jeu ultra-physique (coude, genoux, poignet, dos, côtes, abdominaux). Mais il souffre également depuis l’âge de 18 ans d’une douleur au pied gauche qui se réveille et peut devenir insoutenable. Cette douleur, de nature pathologique, rare, incurable et dégénérative, est connue sous le nom de syndrome de Müller-Weiss.
Elle a failli mettre un terme à sa carrière dès 2021: battu en demi-finales à Roland-Garros par Djokovic, il n’avait quasiment plus joué de l’année.
Son retour au plus haut niveau en 2022 a largement contribué à sa légende.
En remportant l’Open d’Australie, après avoir été mené deux sets à zéro en finale par Medvedev, il avait porté à 21 le record de titres du Grand Chelem qu’il partageait jusque-là avec Federer (20). Puis, quelques mois plus tard, à Roland-Garros, le pied anesthésié pour moins ressentir la douleur, il avait poussé le record à 22.
Sélectionné pour être un des ultimes porteurs de la flamme olympique lors de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet, preuve de son prestige à Paris et dans le monde, Rafael Nadal a toujours dit que le tennis n’était pas le plus important dans sa vie. Il pourra désormais se consacrer à Xisca, épousée en 2019, et à leur fils Rafael, né le 8 octobre 2022.
© AVEC AFP