La France muscle sa stratégie de défense dans la très haute altitude, l’espace situé entre 20 et 100 kilomètres d’altitude, au-delà des avions et en deçà des satellites.
Ce mardi 17 juin 2025, à l’occasion du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé une série de mesures ambitieuses visant à sécuriser cet espace longtemps négligé.
« Longtemps ignorée, la très haute altitude devient un espace de conflictualité », a déclaré le ministre sur X.
Il a expliqué que cette zone est désormais un théâtre potentiel de tensions, notamment en raison de l’émergence de nouvelles menaces telles que les ballons espions, les missiles hypersoniques ou les engins furtifs.
Puissance militaire : la France va placer au-delà de l’espace où volent les avions des ballons
Pour faire face à ces défis, la France entend investir massivement dans des capacités de détection, d’observation et d’interception. En tête de ces projets figure le renforcement du radar transhorizon Nostradamus, capable de surveiller à plusieurs milliers de kilomètres.
Ce système sera modernisé grâce à un financement de plusieurs millions d’euros, pour mieux repérer les menaces évoluant dans la très haute altitude (THA).
Côté observation permanente, la France mise dès 2025 sur le développement du BALMAN. Il s’agit d’un ballon manœuvrant conçu par Hemeria, avec le soutien du Centre national d’études spatiales (CNES).
Le ballon stratosphérique manœuvrant est une évolution du concept du ballon stratosphérique dit « pressurisé », exploité par le CNES depuis le début des années 2000.
Evoluant à des altitudes situées entre 18 km et 20 km, ils sont capables de rester en vol pendant plusieurs mois. Ce ballon permettra à la France une veille continue sur des zones d’intérêt stratégique.
À plus long terme, deux programmes complémentaires seront également soutenus : l’avion solaire Zéphyr, produit par Aalto, filiale d’ArianeGroup, et le dirigeable Stratobus, développé par Thales.
Ces plateformes, autonomes et endurantes, offriront des capacités de surveillance prolongée, notamment en temps de crise.
Enfin, le ministre a précisé que des capacités d’interception seront également développées pour permettre à la France de se défendre activement contre toute menace dans cet espace critique.
Avec cette stratégie inédite, la France affirme sa volonté de ne laisser aucun vide dans la maîtrise de ses espaces aériens et d’anticiper les nouvelles formes de conflictualité.
Le ciel au-dessus des avions, trop longtemps hors du radar stratégique, devient désormais une priorité nationale.