Le Canada, puissance militaire mondiale, injectera des milliards supplémentaires dans ses forces armées et consacrera cette année 2% de son PIB à la défense, atteignant ainsi l’objectif de l’Otan, en raison « des menaces qui se multiplient », a annoncé ce lundi 9 juin 2025 le Premier ministre Mark Carney.
Le chef du gouvernement, qui a fait du renforcement des capacités militaires de son pays l’un des axes de sa campagne électorale en avril, a expliqué dans un discours à Toronto que « les menaces provenant d’un monde plus dangereux et plus divisé sont en train d’ébranler l’ordre international ».
« L’idée longtemps répandue selon laquelle la situation géographique du Canada nous protégerait est de plus en plus archaïque », a déclaré Mark Carney, qui a aussi annoncé que le Canada voulait réduire sa dépendance militaire aux États-Unis.
« Nos infrastructures et nos équipements ont vieilli, ce qui nuit à notre préparation militaire », a-t-il ajouté expliquant par exemple qu’un seul des quatre sous-marins est en état de naviguer et moins de la moitié de la flotte et des véhicules terrestres sont opérationnels.
Ottawa prévoit donc d’investir dans de nouveaux sous-marins, navires, radars, drones et capteurs arctiques, ce qui va lui permettre d’atteindre l’objectif de dépenses de l’Otan de 2% du produit intérieur brut cinq ans plus tôt que prévu.
M. Carney a toutefois présenté l’annonce comme une mesure destinée à « protéger les Canadiens, et non à satisfaire les comptables de l’Otan ».
Selon les chiffres de l’Otan en avril, le Canada a consacré l’an passé 1,45% de son PIB à son budget militaire. Seuls 22 membres sur 32 de l’Alliance, qui tient son sommet à La Haye en juin, ont atteint le seuil de 2%.
Le président américain Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait refuser de protéger les pays qui ne dépensent pas suffisamment.
Derrière les milliards de budget pour la puissance militaire du pays, un « Nouvel impérialisme »
Parlant d’un « réveil en sursaut » du Canada, Mark Carney a évoqué parmi les différentes menaces celle représentée par la Russie, mais aussi par la Chine, ajoutant par ailleurs que la nouvelle attitude américaine sur le plan international avait aussi de lourdes conséquences.
« Aujourd’hui, les États-Unis commencent à monnayer leur hégémonie: ils font payer l’accès à leurs marchés et réduisent leurs contributions à notre sécurité collective », a expliqué le Premier ministre libéral, qui a promis de revoir la relation de son pays avec son voisin, lequel n’est plus considéré comme un allié fiable.
Pour le Premier ministre canadien, « un nouvel impérialisme menace ».
Les appels de Donald Trump à faire du Canada le 51e État américain ont exaspéré les Canadiens et Mark Carney est devenu Premier ministre sur la promesse de tenir tête au président américain.
Le Premier ministre canadien a également rappelé que le Canada cherchait à « renforcer la sécurité transatlantique, notamment en participant à ReArm Europe », une initiative visant à renforcer les capacités et l’industrie de défense européennes.
Selon lui, la souveraineté de l’Arctique est également une priorité pour le Canada. Cette zone du Grand Nord représente 40% du territoire canadien et 75% de son littoral. Or avec la fonte des glaces, les convoitises sur l’Arctique explosent.
Lundi, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a appelé à Londres les pays de l’Alliance à quintupler leurs capacités de défense antiaérienne afin de protéger l’Europe de la Russie, qui a répliqué en accusant l’Otan d’être un « instrument d’agression ».
Les dépenses militaires mondiales ont connu en 2024 leur plus forte augmentation depuis la fin de la Guerre froide, atteignant 2.700 milliards de dollars à cause des guerres et conflits en cours sur la planète.
© Agence France-Presse