Longtemps dépendante des importations pour son équipement militaire, l’Éthiopie devient progressivement une puissance incontournable en matière d’industrie de défense sur le continent africain.
Une transformation qui, tout en renforçant sa souveraineté, soulève des questions sur l’équilibre géopolitique de la Corne de l’Afrique.
Une industrie qui renforce la puissance militaire du pays africain
Contrairement à de nombreux pays sur le continent africain, l’Ethiopie a réussi à accroitre sa puissance militaire grâce à l’évolution rapide de son industrie de défense.
Par exemple, il y a à peine trois ans, l’Éthiopie peinait à produire ses propres munitions.
Aujourd’hui, le pays a non seulement développé la capacité de fabriquer localement ses balles, mais il a également commencé à les exporter.
Cette avancée significative ne représente qu’un aperçu des ambitions éthiopiennes en matière de défense.
Production de chars et de roquettes
L’Ethiopie ne se limite pas à la production de munitions. Le pays développe des armes stratégiques telles que des roquettes et des chars.
Il réussit cette prouesse grâce à l’Ethiopian Defense Engineering Industry Corporation.
« Les capacités que nous développons contribuent à notre prospérité. Ils offrent de l’espoir à notre nation et au continent », a souligné le Premier ministre Abiy Ahmed.
Production de drones
Cette année, l’Ethiopie a inauguré SkyWin Aeronautics Industries. Cette entreprise fabrique des drones destinés à des usages civils et militaires.
Le Premier ministre ambitionne déjà d’exporter ces technologies de pointe. Une réalisation qui place le pays parmi les leaders africains dans ce domaine.
L’Ethiopie, la puissance militaire face à un défi pour l’exportation de ses armes
Les ambitions d’exportation militaire de l’Éthiopie se heurtent à un grand obstacle naturel. Le pays enclavé ne dispose d’aucun accès à la mer et donc n’a pas de port.
Pourtant ses voisins, la Somalie, Djibouti et l’Erythrée ont un accès à la mer. Dans ce sens, l’Ethiopie n’a d’autres choix que de négocier avec eux.
Cela n’est pas aisée car la corne de l’Afrique surtout la Somalie connait des conflits armés depuis des années. Très récemment, un conflit a failli dégénéré entre la Somalie et l’Ethiopie. Heureusement, les deux pays ont trouvé un terrain d’entente.
Toutefois, le gouvernement d’Abiy Ahmed se montre particulièrement attentif à ne pas exacerber les tensions avec ses voisins.
Favoriser la coopération et le bénéfice mutuel avec les pays
Lors d’une session parlementaire tenue le 3 juillet 2025, Abiy Ahmed a réaffirmé la volonté de l’Éthiopie de privilégier la coopération et le bénéfice mutuel.
« L’Éthiopie et ses voisins sont interconnectés ; aucun d’eux ne vit isolément. Tant que des problèmes subsistent, notre objectif est de favoriser la coopération et le bénéfice mutuel », a-t-il déclaré.
Concernant la question cruciale de l’accès aux ports qui a engendré la crise avec la Somalie, le Premier ministre a insisté sur une approche pacifique : « Notre quête d’accès aux ports repose sur la négociation pacifique et le respect de la souveraineté, et non sur la force. »
Une déclaration apaisante alors que les tensions autour de l’accès à la mer Rouge ont récemment été au cœur des préoccupations régionales.
Abiy Ahmed a également mis en avant la force de son pays : « L’Éthiopie est une nation souveraine dotée d’une économie importante, d’une population croissante et d’une armée performante et moderne. »
Il a tenu à rassurer ses partenaires en soulignant qu’aucun conflit n’avait été engagé avec un pays voisin au cours des sept dernières années, réaffirmant l’engagement de l’Éthiopie envers la paix.
« Nous ne recherchons pas la confrontation avec l’Érythrée ni avec aucun autre pays, et nous attendons la même chose en retour. Notre vision est celle du progrès et de la stabilité partagée », a-t-il martelé. Cependant, le Premier ministre a également rappelé la capacité de son pays à se défendre si sa paix était menacée.
Malgré les défis historiques et actuels, l’Éthiopie semble déterminée à persévérer, à prospérer et à continuer d’avancer, affirmant sa place grandiose sur la scène africaine et internationale, tout en jonglant avec les impératifs de sécurité et les sensibilités diplomatiques régionales.