Le Sénat nigérian examine un projet de loi portant création d’un Conseil national du riz. Une audience publique s’est tenue le 28 octobre à Abuja.
Cette instance vise à coordonner la recherche, les services de vulgarisation et les innovations dans la chaîne de valeur rizicole.
Le Nigeria occupe une position paradoxale : premier producteur africain de riz, il reste également le premier importateur de la céréale sur le continent.
Saliu Mustapha préside le Comité sénatorial sur la production agricole. Il affirme que ce projet de loi permettra de créer « un conseil dédié pour coordonner la recherche, les services de vulgarisation et les innovations de la chaîne de valeur, allant des semences résistantes aux inondations aux technologies modernes de transformation ». Le sénateur estime que cette structure pourrait réduire la dépendance du pays aux importations, évaluée à deux milliards de dollars annuellement.
Les chiffres compilés par la FAO révèlent un écart persistant entre production et consommation. Le Nigeria a produit en moyenne 5,1 millions de tonnes de riz usiné entre 2022 et 2024.
Les besoins de consommation atteignent 7,4 millions de tonnes sur la même période. Ce déficit de 2,3 millions de tonnes oblige le pays à recourir massivement aux importations. Bref, le marché international fournit près du tiers du riz consommé par les Nigérians.
Le Conseil nigérian pour la promotion des exportations estime les dépenses annuelles d’importation de riz à environ 480 millions de dollars. D’autres sources évoquent même deux milliards de dollars.
Ces sorties de devises pèsent lourdement sur les réserves en devises étrangères du pays. Le président du Sénat, Godswill Akpabio, a déclaré lors de l’audience publique que cette loi s’inscrit dans l’agenda « Renewed Hope » du président Bola Tinubu, qui privilégie le développement agricole et la diversification économique.
Le projet de loi prévoit que le futur conseil supervisera la mise en œuvre des politiques, les normes de qualité et le renforcement des capacités des agriculteurs, transformateurs et commerçants. L’instance devra promouvoir des variétés de semences résistantes au climat et aux inondations.
Elle soutiendra également la mécanisation et l’irrigation pour améliorer la productivité. Ces mesures visent à accompagner la Stratégie nationale de développement du riz 2020-2030, qui cherche à combler le déficit entre production nationale et consommation.
L’Association des transformateurs de riz du Nigeria identifie plusieurs obstacles à l’expansion de la production locale. L’insécurité dans certaines zones de culture empêche les agriculteurs d’exploiter pleinement leurs terres.
L’usage limité de l’irrigation et de la mécanisation dans la filière freine les rendements. Peter Dama, président national de RIMAN, a salué le projet de loi comme une « intervention opportune ». Il a toutefois insisté sur la nécessité d’inclure des institutions financières comme NIRSAL, la Banque de l’agriculture et la Banque de l’industrie dans le dispositif.
Le projet avait déjà été adopté par le Sénat en 2022. Il n’avait jamais reçu l’assentiment présidentiel avant d’expirer. Les parlementaires l’ont représenté en 2024.
Enfin, si le texte est définitivement adopté et promulgué, le Conseil national du riz pourrait offrir au gouvernement un outil institutionnel pour accélérer la transformation de la filière rizicole nigériane et réduire sa dépendance aux importations.