Prêts sans intérêts : la solution de ce pays d’Afrique pour la crise du logement

prêts sans intérêts

Crédits photo : Pexels / Markus Winkler

Le Nigeria vient d’annoncer la mise en place d’un système de financement immobilier, donc de prêts, sans d’intérêts. La Commission des valeurs mobilières (SEC) et la Banque fédérale de crédit immobilier (FMBN) ont signé vendredi 14 novembre à Abuja un accord pour développer ce mécanisme conforme aux principes de la finance islamique.

Une réponse au déficit de logements

Le pays fait face à une pénurie de plus de 28 millions d’unités d’habitation. Cette carence touche particulièrement les populations à revenus modestes et celles qui refusent les prêts hypothécaires traditionnels pour des raisons religieuses.

Le Fonds national du logement exclut de fait une partie des citoyens nigérians. Enfin, l’accès à la propriété demeure hors de portée pour plusieurs millions de personnes.

Shehu Osidi, directeur général de la FMBN, a confirmé que cette collaboration répond à une limitation du système actuel. « Depuis longtemps, beaucoup de nos concitoyens ne peuvent participer au Fonds national du logement à cause de la nature des prêts hypothécaires classiques », a-t-il déclaré lors de la cérémonie à Abuja.

Le responsable a ajouté que la banque s’engage à concevoir des produits hypothécaires exempts d’intérêts qui soient à la fois éthiques, inclusifs et viables financièrement.

Les prêts sans intérêts, des instruments conformes à la charia

Le docteur Emomotimi Agama, directeur général de la SEC, a précisé le rôle de la commission dans ce dispositif. L’organisme de régulation veillera à l’intégrité et à la stabilité des instruments financiers associés. La SEC établira également un cadre pour faciliter l’émission de sukuk et d’autres produits du marché des capitaux exempts d’intérêts. Ces mécanismes doivent soutenir les prêts hypothécaires tout en attirant des investisseurs nationaux et internationaux.

« Notre collaboration avec la FMBN permet de débloquer des financements à long terme pour le secteur du logement », a souligné M. Agama.

Le responsable a expliqué qu’un cadre réglementaire clair pour les titres adossés à des créances hypothécaires sans intérêts ouvrira la voie à des capitaux responsables. Bref, l’architecture financière doit attirer des fonds tout en respectant les principes éthiques de certains investisseurs.

Le partenariat vise à créer un écosystème complet de financement immobilier alternatif. Les structures prévues doivent permettre aux millions de Nigérians exclus du système conventionnel d’accéder à la propriété. Le coût abordable constitue l’un des objectifs affichés par les deux institutions. Les autorités espèrent ainsi générer un cercle vertueux de financement, de construction et d’accession à la propriété.

Les experts du secteur ont accueilli positivement cette annonce. Ebilate McYoroki, spécialiste du logement et de la finance, considère que cette mesure arrive tardivement.

Il estime toutefois qu’elle peut débloquer un vaste réservoir d’acheteurs potentiels et d’investisseurs restés jusqu’ici en marge du marché formel. La transparence et la régulation du modèle détermineront son succès.

Des ambitions chiffrées

La FMBN avait déjà approuvé 71,5 milliards de nairas de prêts immobiliers en 2024, soit près du double des 39,7 milliards de nairas accordés en 2023. Cette progression témoigne d’une demande soutenue pour le financement du logement. La banque a d’ailleurs obtenu en mai 2025 l’autorisation de la Banque centrale du Nigeria pour proposer des prêts hypothécaires éthiques.

L’institution prévoit de lancer de nouveaux produits hypothécaires d’ici la fin du deuxième trimestre 2025. Ces offres cibleront notamment les Nigérians de la diaspora, le secteur informel et les personnes recherchant un financement immobilier conforme à leurs convictions religieuses. La FMBN collabore avec la Commission des Nigérians de la diaspora pour mettre au point un produit spécifique permettant aux expatriés d’investir dans l’immobilier nigérian.

Le Nigeria rejoint ainsi d’autres pays africains qui développent des alternatives aux systèmes de financement conventionnels. Le secteur de la construction, qui employait environ 6,9 millions de personnes en 2012 selon les données disponibles, devrait bénéficier de ce nouveau dispositif. Les autorités espèrent que cette dynamique stimulera l’activité économique tout en réduisant progressivement le déficit de logements qui fragilise l’accès à un habitat décent pour des millions de familles.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp