Présidentielle ivoirienne : Alassane Ouattara grand favori pour un quatrième mandat

Présidentielle ivoirienne : Alassane Ouattara grand favori pour un quatrième mandat

Crédit Photo : TV5 Monde

Les Ivoiriens sont appelés aux urnes ce samedi 25 octobre 2025 pour élire leur président, un scrutin dont le chef de l’Etat sortant Alassane Ouattara est l’immense favori, en l’absence des principaux leaders de l’opposition écartés par la justice.

A 83 ans, M. Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, brigue un quatrième mandat à la tête du premier producteur mondial de cacao, redevenu une locomotive économique de l’Afrique de l’ouest.« On veut un coup KO », répètent à l’envi ses partisans en évoquant une victoire dès le premier tour, objectif qui semble largement à sa portée.

La route est en effet dégagée : l’ancien président et désormais opposant Laurent Gbagbo ainsi que Tidjane Thiam, autre figure de l’opposition hors du pays depuis mars, ont été écartés du scrutin par la justice.

Leurs appels à manifester contre ces exclusions et contre un nouveau mandat de M. Ouattara ont été éteints par les autorités qui ont interdit leurs marches et meetings pour risque de troubles à l’ordre public.

Manifestations interdites

Toutes velléités de blocages ou de manifestations observée dans quelques localités du pays (souvent d’anciens bastions d’opposition dans le sud et l’ouest) ont été systématiquement dispersées par les 44.000 forces de l’ordre déployées sur le territoire.

Trois personnes sont mortes, deux manifestants et un gendarme, dans le sud et le centre-ouest et environ 700 personnes ont été arrêtées en moins d’une semaine, certaines pour des actes assimilables à des « actes de terrorisme », selon le procureur Oumar Braman Koné. Une soixantaine de condamnations à trois ans de prison pour troubles à l’ordre public ont aussi été prononcées.

Un tour de vis assumé par les autorités qui ne veulent pas laisser « la chienlit » s’installer, ni revivre les troubles de 2020 où 85 personnes étaient mortes en marge de la présidentielle. L’opposition dénonce elle « un cadre répressif qui vise à l’étouffer ».

« L’Etat prend des mesures sécuritaires préventives pour éviter les violences électorales. Mais la meilleure façon d’avoir des élections apaisées, c’est d’organiser des élections inclusives », pointe l’analyste politique Geoffroy Kouao.

Quatre candidats face à Alassane Ouattara

Quatre candidats sont tout de même qualifiés pour affronter le chef de l’Etat, mais aucun ne représente un parti important ni ne dispose des moyens colossaux de la formation au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

L’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, 60 ans et dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire la formation de Tidjane Thiam (PDCI, ancien parti unique désormais dans l’opposition). Il espère incarner une « nouvelle génération » et rallier les voix des orphelins de l’ancienne formation du père de l’indépendance Félix Houphouët-Boigny).

L’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo, 76 ans, veut quant à elle séduire les partisans de son ex-mari avec lequel elle est en froid. Mais le camp de la « gauche ivoirienne » s’avance divisé avec la candidature d’un autre dissident, le souverainiste proche des milieux russes Ahoua Don Mello.

Enfin Henriette Lagou, candidate centriste et opposante modérée, complète le casting. Déjà candidate en 2015, elle avait fait moins de 1%.

Arrivé au pouvoir après la sanglante crise post-électorale de 2010-2011 où plus de 3.000 personnes étaient mortes lors de mois d’affrontements entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo, le chef de l’Etat a depuis toujours été réélu sans grande adversité, avec des scores écrasants.

La question de la participation est donc le principal enjeu de ce scrutin où près de 9 millions d’électeurs sont appelés aux urnes.

Dans le nord du pays, région majoritairement malinké, ultra-favorable au président-candidat, le RHDP vise des scores supérieur à 90% et une participation massive.

La partie sud et ouest, peuplée davantage par des ethnies historiquement pro-PDCI ou pro-Gbagbo, pourrait davantage bouder les urnes, faute de consigne de vote de leurs leaders.

« Rien ne pourra me faire voter, mon candidat n’est pas sur la liste et aucun ne représente mes idées », confirme Emile Kouadio, à Yopougon, commune abidjanaise  qui compte encore beaucoup de pro-Gbagbo.

« L’absence des deux principaux opposants va démobiliser une partie significative de l’électorat et on n’a pas observé jusqu’à présent un mouvement significatif derrière un candidat », confirme William Assanvo, chercheur à l’Institut des études de sécurité (ISS).

Le gouvernement dit avoir relevé un pays à genoux après une décennie de crise, au riche sous-sol minier, désormais producteur de pétrole et de gaz, et met en avant une situation sécuritaire sous contrôle, malgré les menaces jihadistes à ses frontières, au Burkina Faso et au Mali.

Les critiques déplorent, elles, une croissance qui ne bénéficie qu’à une petite partie de la population et qui a fait exploser le coût de la vie, ainsi qu’une réconciliation nationale inachevée après la crise de 2010-2011.

© Agence France-Presse

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