En Côte d’Ivoire, le Conseil constitutionnel a fixé le délai de dépôt des réclamations pour les candidats à l’élection présidentielle du samedi 25 octobre 2025.
C’est ce qui ressort d’un communiqué publié le mardi 28 octobre 2025 sur le site officiel de l’institution.
Selon ce texte, les candidats disposent jusqu’au 3 novembre 2025 à 20 heures pour déposer leurs requêtes, conformément à l’article 60 du nouveau Code électoral, qui accorde un délai de cinq jours francs à compter de la proclamation des résultats provisoires.
Pour rappel, le lundi 27 octobre 2025, le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, avait proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle.
Le communiqué précise que chaque candidat doit fournir dix exemplaires originaux de sa réclamation et de ses observations.
Les dossiers devront être déposés au secrétariat du Conseil constitutionnel, situé 22 boulevard Carde, Abidjan-Plateau, où ils seront inscrits dans un registre spécialement ouvert à cet effet.
Le Conseil constitutionnel rappelle le caractère strict du délai et indique que seuls les candidats officiellement validés sont habilités à introduire une requête.
À l’issue de la réception des réclamations, le Conseil constitutionnel ouvrira ses délibérations en vue de la proclamation des résultats définitifs du scrutin.
Cependant, face à la victoire écrasante d’Alassane Ouattara, réélu avec 89,77 % des voix et un taux de participation de 50,10 %, les recours éventuels risquent de ne pas modifier de manière significative l’issue du vote.
La candidate Simone Ehivet Gbagbo, ancienne Première dame et ex-compagne politique de Laurent Gbagbo, arrivée troisième avec 101 230 voix (2,42 %), a toutefois dénoncé plusieurs irrégularités dans le déroulement du scrutin.
« Les résultats proclamés aujourd’hui ne reflètent pas fidèlement la volonté populaire. Deux grandes causes expliquent la situation que nous observons :
1. Un système électoral inéquitable et verrouillé.
Depuis des mois, nous avons réclamé des réformes profondes pour garantir un scrutin inclusif, transparent et crédible. Le gouvernement nous a opposé une fin de non-recevoir, de sorte que cette élection s’est tenue avec :
– un fichier électoral contesté, truffé de doublons, d’électeurs décédés et de radiations discutables ;
– une Commission électorale déséquilibrée, où le pouvoir a conservé une influence écrasante ;
– un climat d’intimidation et de violence, qui a privé nombre de citoyens de leur droit de vote.
Dans plusieurs régions du pays — Grands Ponts (Yassap, Orbaff, Gbougbo, N’gatty, Tiaha, Lopou, Youwill), Agnéby-Tiassa (Grand-Yapo, Séguier, Boguié, Ano), La Mé (Motobé, N’doubato, Minisi, Agou) — le vote n’a même pas pu se tenir.
À Facobly (Sériho), Guiglo, Issia, ou encore dans certaines communes d’Abidjan comme Yopougon (Sideci-Lem, école BAD), des scènes de tension ont empêché le déroulement paisible du scrutin.
Dans plusieurs localités — Akoupé, Afféri, Becouefin, Songon-sous-préfecture, Daoukro (EPP Dadiékro), Jacqueville (Atoutou), Yamoussoukro — des troubles, des saccages, des urnes emportées, des attaques contre des locaux et des agents électoraux ont privé des électeurs de leur droit d’expression citoyenne.
À Nahio, sous-préfecture du département d’Issia, des affrontements communautaires ont provoqué des morts, de nombreux blessés et des destructions de biens. Je m’incline devant la mémoire de toutes ces victimes.
Et pourtant, la CEI évoque un taux de participation supérieur à 50 %, y compris dans des localités où le vote n’a pas eu lieu.
Ce chiffre est manifestement inexact. Nous ne pouvons pas bâtir la démocratie de la sorte », a-t-elle indiqué.