Ce mercredi 19 mars 2025, Nicolas Sarkozy a comparu une nouvelle fois devant le tribunal judiciaire de Paris dans le cadre du procès concernant les allégations de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Face aux accusations qui pèsent sur lui depuis treize ans, l’ancien président de la République a fermement affirmé son innocence.
« Je ne suis pas un délinquant de grand chemin. Je ne suis pas un bandit. Si M. Vidal [le chef d’enquête] n’a rien trouvé de plus, c’est qu’il n’y avait rien à trouver. Rien », a déclaré Nicolas Sarkozy lors de son audition, avant les plaidoiries des parties civiles prévues lundi et le réquisitoire du parquet qui s’étendra sur trois jours à partir de mardi.
Arrivé accompagné de son épouse Carla Bruni et de plusieurs proches collaborateurs, dont Brice Hortefeux et Éric Woerth, l’ancien chef de l’État a dénoncé ce qu’il considère comme un parti pris du Parquet national financier.
« J’ai eu l’impression qu’on était parti d’un postulat : ‘Nicolas Sarkozy coupable’, et qu’il fallait agréger des documents épars », a-t-il expliqué, ajoutant que selon lui, c’était « la classe politique pourrie » qu’il représentait « qu’il fallait sanctionner ».
Durant son intervention, Nicolas Sarkozy a réaffirmé n’avoir « jamais sollicité un financement, direct ou indirect » pour sa campagne de 2007. Il a également nié avoir demandé à Claude Guéant et Brice Hortefeux de rencontrer Abdallah Senoussi, le beau-frère de Mouammar Kadhafi condamné pour l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1999.
L’ancien président a par ailleurs contesté avoir entretenu la « moindre proximité » avec l’intermédiaire Ziad Takieddine.
Interrogé par le procureur Quentin Dandoy sur l’épisode de la montre Patek Philippe offerte par Alexandre Djouhri à Claude Guéant fin 2006, Nicolas Sarkozy a qualifié ce type de pratique de « déplacé », tout en précisant qu’il n’avait personnellement jamais été impliqué dans de tels échanges.
Le dossier d’accusation s’appuie notamment sur les liens établis entre l’homme d’affaires Alexandre Djouhri et Bachir Saleh, ancien proche collaborateur de Mouammar Kadhafi.
Selon un carnet rédigé en 2007 par l’ancien premier ministre libyen Choukri Ghanem, Bachir Saleh aurait indiqué avoir « envoyé 1,5 million d’euros à Nicolas Sarkozy », Abdallah Senoussi en versant 2 millions, et Saïf al-Islam Kadhafi 3 millions.
Lors de l’audience, Alexandre Djouhri a reconnu avoir entretenu une « proximité naturelle » avec Nicolas Sarkozy, qu’il dit avoir reçu « deux ou trois fois par an en moyenne ».
Interrogé sur ses relations avec Bachir Saleh, Djouhri a décrit ce dernier comme « plutôt un sage », ajoutant que celui-ci venait régulièrement à Paris entre juin 2007 et juin 2008 pour « faire des courses pour la Libye » et acheter « des livres, des bijoux, des montres » pour Kadhafi.
Dans une forme d’autocritique, Nicolas Sarkozy a admis avoir peut-être commis « une erreur initiale » en sous-estimant les conséquences pénales des accusations portées contre lui.
« J’ai tout de suite compris la conséquence politique que ce document [la note Koussa sur le financement libyen] pouvait avoir, mais je n’ai pas imaginé les conséquences pénales. J’ai été trop confiant », a-t-il déclaré.
L’ancien président a également défendu sa politique libyenne, y compris la réception controversée de Mouammar Kadhafi à Paris, en la plaçant dans un contexte humanitaire.
« J’ai sauvé six vies. C’est pas n’importe quoi ! Qui peut dire ça dans sa vie ? Les cinq infirmières et le médecin palestiniens, je les ai sauvés », a-t-il souligné, ajoutant : « Si c’était à refaire, je le referais. »
À noter que Carla Bruni, présente lors de cette audience, a elle-même été mise en examen en juin 2024 dans l’affaire connexe de la fausse rétractation de Ziad Takieddine.
Le procès se poursuit le lundi 24 mars 2025 avec les plaidoiries des parties civiles, qui seront suivies du réquisitoire du parquet.