À un peu plus d’un mois du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations, les Guépards du Bénin entrent dans la dernière ligne droite de leur préparation. Un stage à Cotonou et un unique match amical contre le Burkina Faso au Maroc doivent permettre à Gernot Rohr d’y voir plus clair. Mais le temps presse, et l’équipe nationale semble encore en quête de repères, d’équilibre et de profondeur.
Le Bénin a certes validé son billet pour la CAN 2025, mais la campagne qualificative a laissé bien des interrogations. Trop souvent, les Guépards ont paru fragiles, désorganisés et en manque d’individualités. Le milieu de terrain a particulièrement souffert de l’absence d’un véritable meneur de jeu, capable de dicter le rythme et d’éclairer le jeu offensif. Sur les ailes, les centres sont restés approximatifs. Face à ce constat, Gernot Rohr sait qu’il lui faut agir vite. Le sélectionneur franco-allemand va convoquer une trentaine de joueurs pour un stage d’évaluation à Cotonou, première étape d’une refonte partielle de son effectif. Une semaine de travail intense, ponctuée par un match interne, permettra d’observer les forces locales et les nouveaux venus.
Une chasse aux talents binationaux
Dans la perspective de renforcer l’entrejeu et les ailes, le staff béninois scrute la diaspora. Trois profils binationaux sont déjà dans le viseur : Filipe Santos (Brésil/Bénin), Adam Akimey (Suède/Bénin) et Ibrahim Salifu (Ghana/Bénin) qui pourront être appelés en renfort pour étoffer le groupe qui a besoin d’un nouveau souffle. Le cas d’Arthur Atta est également à scruter, un milieu de l’Udinese très actif considéré comme l’un des meilleurs de la Série A.
De son côté, Salifu Ibrahim attire également les regards. Né au Ghana, ce milieu offensif de 27 ans a brillé sous les couleurs de Hearts of Oak, club mythique d’Accra, avant de rejoindre Drita FC au Kosovo.
Élégant gaucher, doté d’une belle vision de jeu, il a été élu meilleur joueur du championnat ghanéen en 2020-2021. Surnommé “Di Maria” pour sa technique et sa justesse de passe, il espère désormais s’offrir une seconde carrière internationale sous les couleurs béninoises.
Convaincu par le projet de Gernot Rohr, Salifu a déjà entamé les démarches administratives pour changer de nationalité sportive. S’il est retenu, son arrivée pourrait combler ce vide de créativité au milieu, tant regretté depuis le retrait de Stéphane Sessègnon et la crise avec Cèbio Soukou. Mais comment préparer et intégrer ces nouveaux en l’absence de compétitions avant la CAN ? Il n’y a que par le biais de matchs amicaux.
Le 18 novembre prochain, les Guépards affronteront les Étalons du Burkina Faso au Maroc. Ce sera leur unique match de préparation avant la CAN. Une décision qui interroge. Car si le choix du Maroc se justifie par la volonté d’habituer le groupe à son futur environnement, ne disputer qu’une seule rencontre à un mois du tournoi paraît bien mince. Les matchs amicaux servent à tester les combinaisons, à roder les automatismes et à jauger les nouvelles recrues.
En se privant d’une seconde opposition, le staff béninois prend le risque d’aborder la compétition avec des incertitudes persistantes. D’autant que plusieurs postes clés, latéraux, meneur de jeu, deuxième attaquant – restent encore à consolider.
À l’aube de la CAN 2025, les Guépards avancent avec prudence, entre doutes et espoirs. Gernot Rohr, fort de son expérience, sait que le tournoi ne pardonnera aucune approximation.
Le stage de Cotonou et le match face au Burkina Faso devront lui permettre de trancher : quels joueurs auront la maturité et le talent pour porter le maillot national sur la plus grande scène continentale ? Le Bénin ne peut plus se contenter d’un rôle d’observateur. S’il veut exister à la CAN avec en face le Sénégal et la RDC, il doit retrouver la combativité, la discipline et la créativité qui ont fait de lui, jadis, un outsider redouté. Le compte à rebours est lancé.