Hage Geingob, qui a battu le record de longevité en tant que Premier ministre et présidé la Namibie, était un ardent militant anti-apartheid avant de devenir un homme d’Etat, qui affichait une silhouette rassurante.
Il est décédé dimanche matin dans un hôpital de la capitale Windhoek, où il subissait un traitement pour un cancer. Il avait 82 ans.
Né dans un village du nord de la Namibie en 1941, Hage Gottfried Geingob a été le premier président de ce pays d’Afrique australe n’appartenant pas au groupe ethnique Ovambo, qui représente plus de la moitié de la population du pays.
Il se lance dans la lutte contre le régime d’apartheid sud-africain, qui régnait à l’époque sur la Namibie, dès ses premières années d’études avant d’être contraint à l’exil.
Il passe près de trois décennies au Botswana et aux Etats-Unis, quittant le premier pays pour se rendre dans le second en 1964.
Le leader à la voix grave étudie à l’Université Fordham de New York et obtient plus tard un doctorat au Royaume-Uni.
Durant ses années aux Etats-Unis, il défend ardemment l’indépendance de la Namibie, représentant le mouvement de libération local, la SWAPO, qui est aujourd’hui le parti au pouvoir, aux Nations unies et sur tout le continent américain.
Au début des années 1970, il entame sa carrière en travaillant pour l’ONU sur les questions de gouvernance.
Considéré comme centriste, il retourne en Namibie en 1989, un an avant l’indépendance du pays.
« J’ai embrassé le sol de la Namibie après 27 ans d’exil. Avec le recul, le voyage vers la construction d’une nouvelle Namibie en valait la peine », a-t-il déclaré dans un message sur Twitter en 2020, en publiant une photo le montrant plus jeune en train d’embrasser le tarmac à son retour dans son pays.
L’affaire « Fishrot »
Lorsque la SWAPO remporte les élections en 1990, Geingob est nommé Premier ministre, un poste qu’il occupera pendant 12 ans avant de revenir à cette fonction en 2012.
En 2014, alors que le parti remporte confortablement une nouvelle élection, fort de l’héritage de son rôle dans la lutte de libération, Geingob devient président de son pays.
Entre deux postes de haut niveau, le leader calme mais sévère, qui arbore des lunettes à large monture et une barbichette grisonnante, occupe divers postes ministériels et au sein du parti.
Mais son premier mandat présidentiel est entaché par la récession, un chômage élevé et des allégations de corruption.
En 2019, des documents publiés par WikiLeaks suggérent que des responsables gouvernementaux ont accepté des pots-de-vin d’une entreprise islandaise en échange d’un accès continu aux zones de pêche namibiennes.
Les révélations fracassantes dans cette affaire appelée « Fishrot » (poisson pourri) font des vagues dans le paysage politique de la Namibie.
Il s’agit d’un scandale de corruption présumée lié à l’industrie lucrative de la pêche dans ce paisible pays côtier d’Afrique australe, destination privilégiée des chalutiers venus de Norvège, d’Islande ou du Japon.
Le scandale provoque une vague de démissions, de limogeages et de mises en examen impliquant politiciens, hommes d’affaires, avocats et hauts fonctionnaires.
L’affaire menace les chances de Geingob d’obtenir un second mandat, le chef de l’Etat étant également critiqué pour avoir injecté de l’argent dans une administration pléthorique et accordé des contrats à des entreprises étrangères plutôt qu’à des entreprises locales.
Ses voix diminuent considérablement en 2019 par rapport à son score de 87% de 2014, mais il parvient quand même à naviguer confortablement vers la victoire avec 56% des suffrages.
Amoureux du foot
Il connaît des problèmes de santé au cours de ses dernières années, après avoir subi une opération au cerveau en 2013 et une opération du coeur en Afrique du Sud en juin 2023.
Passionné de football, il pratique ce sport dans sa jeunesse.
Il se marie trois fois, en 1967, 1993 et de nouveau en 2015 et a plusieurs enfants. Sa dernière épouse, Monica Geingos, est avocate et femme d’affaires.
©AVEC AFP
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