Plus d’un an après le coup d’État qu’il a subi, Ali Bongo a rencontré nos confrères de Jeune Afrique à qui il s’est confié.
Dans l’intimité de sa résidence surveillée de la Sablière à Libreville, Ali Bongo Ondimba a livré un témoignage empreint d’amertume.
L’ancien président gabonais, destitué le 30 août 2023, vient de célébrer son 66e anniversaire dans une solitude à peine tempérée par la présence de sa mère, Patience Dabany.
L’ancien chef d’État, dont l’élocution s’est améliorée depuis son AVC de 2018, mais qui peine toujours à se déplacer, concentre ses préoccupations sur la libération de son épouse Sylvia et de son fils Nourredin, incarcérés au lendemain du putsch.
Malgré un contact téléphonique fin janvier, les espoirs d’une libération promise pour la mi-janvier se sont évanouis, tandis que ses demandes répétées d’entretien avec son successeur, Brice Clotaire Oligui Nguema, restent lettres mortes.
Dans sa villa ultra-sécurisée où veillent des blindés de la Garde républicaine, l’ancien président conteste les accusations de détournements portées contre son épouse et réfute l’existence de comptes bancaires qui lui sont attribués en Afrique du Sud et en Malaisie.
Une plainte pour traitements dégradants a d’ailleurs été déposée à Paris par ses avocats.
Le quotidien d’Ali Bongo s’écoule désormais entre sudokus et mots fléchés, rythmé par les visites espacées de sa sœur Pascaline.
Ses fils Jalil et Bilal ont quitté le Gabon pour Londres, accentuant son isolement.
L’ancien président reste déconnecté des réalités politiques du pays, contestant sa défaite électorale et la réorganisation du Parti démocratique gabonais, dont il revendique toujours la direction légitime.
Cette situation de reclus contraste fortement avec la liesse populaire qui avait accompagné sa chute, une réalité qu’il refuse toujours d’admettre, enfermé dans une amertume que seule la libération de sa famille pourrait atténuer.