Le Nigeria s’apprête à accueillir une vague d’investissements dans l’agro-industrie qui, à termes, devraient créer près de 6 000 emplois. Export Trading Group, conglomérat panafricain spécialisé dans les produits agricoles, a annoncé jeudi un portefeuille de plusieurs millions de dollars destiné à renforcer la chaîne de valeur agricole du pays. Ce programme devrait générer plus de six mille emplois directs et indirects dans les prochaines années. L’annonce a été faite lors d’une rencontre entre une délégation d’ETG, conduite par Niren Murugan, directeur général des opérations mondiales, et le vice-président Kashim Shettima à la présidence nigériane.
« Vous avez décidé de jouer un rôle plus actif dans la chaîne de valeur agricole du Nigeria. Nous avons la population et les ressources nécessaires pour que vos investissements prospèrent », a déclaré Shettima selon le communiqué officiel publié le vingt-et-un novembre. Le vice-président s’est félicité du potentiel de création d’emplois. Cette expansion s’inscrit dans le programme Renewed Hope du président Bola Tinubu, axé sur la sécurité alimentaire et l’industrialisation du secteur agricole.
ETG opère au Nigeria depuis 2010. Le groupe emploie actuellement plus de six mille personnes à travers vingt-six pays africains. Fondé au Kenya en 1967, ETG s’est imposé comme l’un des plus grands agrégateurs de produits agricoles du continent. Le groupe commercialise des denrées vers quarante-huit pays, dont la Tanzanie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique et l’Afrique du Sud. Sa présence s’étend également en Chine, en Inde, en Amérique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
Les projets annoncés concernent plusieurs segments stratégiques. L’usine de traitement d’huile de Sagamu, dans l’État d’Ogun, sera agrandie et deviendra opérationnelle d’ici le deuxième trimestre 2026. ETG prévoit également l’implantation de centres d’excellence agroalimentaires dans sept États : Kaduna, Ebonyi, Cross River, Ekiti, Jigawa, Nasarawa et Borno. Ces pôles serviront de plateformes régionales pour la mécanisation agricole, le stockage modernisé, la transformation primaire et la distribution d’intrants. Enfin, le groupe développera des programmes de production de semences, de mélange d’engrais et d’agrologistique.
« Je félicite particulièrement vos interventions dans le développement des semences, le traitement de l’huile, le mélange d’engrais et les services de vulgarisation agricole », a ajouté le vice-président Shettima. Le gouverneur de l’État de Cross River, Bassey Otu, présent à la rencontre, a exprimé la volonté de son État de collaborer avec ETG. « Nous pouvons répondre à votre vision de bout en bout. Nous avons les terres, les ressources minérales et l’environnement favorable pour y parvenir », a-t-il assuré.
Ces investissements pourraient contribuer à réduire la dépendance aux importations alimentaires du Nigeria. Le pays compte deux cent trente millions d’habitants. L’agriculture représente environ un quart du PIB et emploie plus de trente-cinq pour cent de la population. L’arrivée de capitaux privés structurants comme ceux d’ETG constitue un levier pour la transformation du secteur. Le groupe ambitionne de créer un modèle intégré liant production locale, transformation industrielle et logistique exportatrice.
ETG bénéficie du soutien de la Banque africaine de développement. En octobre 2024, l’institution a approuvé un financement de soixante-quinze millions de dollars pour soutenir les opérations d’ETG dans quatorze pays africains, dont le Nigeria. Cette enveloppe comprend soixante-cinq millions de dollars de ressources propres de la BAD et dix millions de dollars de cofinancement concessionnel. Le groupe prévoit d’engager six cent mille petits agriculteurs d’ici 2027, avec un objectif de vingt-cinq pour cent de femmes agricultrices.
Niren Murugan a précisé que sa visite visait à informer le vice-président du portefeuille d’investissements, obtenir un alignement stratégique avec le gouvernement et accélérer la coordination avec les parties prenantes du secteur public. ETG possède un réseau de plus de quatre cents entrepôts à travers trente-deux pays et une flotte de plus de neuf cents camions. Le groupe opère dans les intrants agricoles, le traitement des produits, la logistique et l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement.
Bref, le Nigeria mise sur l’agro-industrie pour stimuler son économie rurale. Les centres d’excellence régionaux permettront aux agriculteurs et aux PME agro-industrielles locales d’accéder à la formation, aux équipements et aux intrants de qualité. Le marché des intrants agricoles devrait se stabiliser. La valeur ajoutée industrielle locale sera renforcée. Et l’économie rurale recevra un coup de fouet nécessaire dans un contexte où la sécurité alimentaire demeure une préoccupation nationale.