Pétrole : le Nigeria déplore une perte de plus de 300 milliards de dollars de recettes

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Crédit photo : bp Superfioul

Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, fait face à un nouveau scandale d’ampleur dans son secteur pétrolier.

Un rapport intermédiaire présenté mardi 5 novembre devant le Sénat par la commission ad hoc sur le vol et le sabotage de pétrole brut évoque plus de 300 milliards de dollars de recettes non comptabilisées au fil des ans.

« Notre enquête a révélé des pertes de revenus massives s’élevant à plus de 300 milliards de dollars de recettes pétrolières non comptabilisées », a déclaré le sénateur Prince Ned Nwoko, président de ladite commission.

Il s’agit, selon lui, « de l’un des cas de sabotage économique les plus préoccupants auxquels notre nation ait jamais été confrontée ».

Découvert en 1956 dans le delta du Niger, l’or noir reste au cœur de l’économie nigériane. Le pays extrait en moyenne 1,5 million de barils par jour, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), loin de l’objectif de 2 millions fixé par Abuja.

Le pétrole représente près de 62 % des revenus d’exportation du pays et constitue une part majeure des recettes publiques.

Mais le secteur souffre depuis des décennies d’un mal chronique : infrastructures vieillissantes, vols récurrents de brut, pollution environnementale et corruption systémique. Ces failles ont contribué à priver l’État de ressources colossales.

Un plan de redressement ambitieux

Pour remédier à cette situation, la commission a formulé plusieurs recommandations. Parmi elles figurent la mise en œuvre stricte des normes internationales de mesure du pétrole brut à chaque point de production et d’exportation, ainsi que le déploiement de technologies de mesure inviolables sous la supervision de la Commission nigériane de réglementation du secteur pétrolier en amont (NUPRC).

Les sénateurs préconisent également le recours à des systèmes de surveillance avancés, notamment des drones, afin d’aider les forces de sécurité à détecter les réseaux de contrebande, ainsi que la création d’un tribunal spécial pour juger les infractions liées au vol de pétrole brut.

Autre mesure phare : l’application complète du Fonds fiduciaire pour le développement des communautés d’accueil, prévu dans la loi sur l’industrie pétrolière (PIA), afin d’impliquer davantage les populations locales et réduire les actes de sabotage.

La commission propose en outre de céder les puits abandonnés à la NUPRC pour qu’ils soient attribués à des raffineries modulaires, dans l’objectif de stimuler la production locale et de créer des emplois.

Des montants colossaux toujours introuvables

Les audits judiciaires consultés par la commission indiquent que 22 milliards, 81 milliards et 200 milliards de dollars restent introuvables pour différentes périodes d’examen.

Face à ces chiffres, le comité sénatorial souhaite obtenir un mandat élargi afin de suivre, tracer et récupérer les recettes volées, au Nigeria comme à l’international.

« Il s’agit d’un appel national à l’action. Le Nigeria ne peut se permettre de continuer à perdre des milliards à cause de la corruption, de l’inefficacité et des réseaux criminels », a insisté le sénateur Nwoko.

Il a réaffirmé sa détermination à garantir « la responsabilité, le recouvrement et la réforme » dans un secteur stratégique pour la survie économique du pays.

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