Pétrole : ce pays de la CEDEAO va perdre énormément à cause des États-Unis

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Crédits photo : Pixabay / © Barescar90

Comme un battement d’aile, une décision d’un pays envers les États-Unis va coûter des milliards au Nigéria, poids lourd du pétrole et de la CEDEAO.

En effet, l’Indonésie, l’un des principaux acheteurs de brut nigérian, envisage de réorienter massivement ses importations d’hydrocarbures vers les États-Unis.

C’est un mouvement dicté moins par les lois du marché que par la menace d’une guerre commerciale avec Washington avec les nouveaux droits de douanes de Donald Trump.

La décision, annoncée par le ministre indonésien de l’Énergie, Bahlil Lahadalia, s’inscrit donc dans une stratégie défensive : éviter l’application d’une taxe douanière punitive de 32% sur les exportations indonésiennes vers le marché américain.

C’est donc pour amadouer son partenaire commercial d’outre-Atlantique, que Jakarta prévoit d’augmenter ses importations de pétrole brut et de gaz de pétrole liquéfié (GPL) américains de 10 milliards de dollars, portant ses achats totaux de biens américains entre 18 et 19 milliards de dollars.

Sur le pétrole, le Nigeria, géant de la CEDEAO, coincé entre les États-Unis et l’Indonésie

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, le Nigeria figurait parmi les trois principaux fournisseurs de brut de l’archipel asiatique, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Angola.

L’Indonésie importait alors en moyenne 306 000 barils par jour. Une réduction significative de cette demande représenterait un coup de massue pour Abuja, dont près de 90% des recettes d’exportation proviennent de l’or noir.

Selon les projections de l’Energy Shift Institute, cette nouvelle donne pourrait entraîner une baisse de 20 à 30% des importations indonésiennes de GPL en provenance d’autres fournisseurs, dont le Nigeria.

Les statistiques actuelles montrent déjà une prédominance américaine : sur les 217 000 barils par jour de GPL importés par l’Indonésie en 2023, 124 000 provenaient des États-Unis, contre seulement 20 000 pour des pays comme les Émirats arabes unis ou l’Arabie saoudite.

Pour le Nigeria, cette réorientation des flux commerciaux survient à un moment particulièrement critique. Le pays, déjà fragilisé par la chute des cours du pétrole et les politiques d’austérité de Bola Tinubu voit ses fondamentaux économiques vaciller.

Début avril, l’annonce de nouveaux droits de douane par l’administration américaine avait fait plonger le prix du baril sous les 60 dollars, bien loin des 75 dollars sur lesquels était fondé le budget nigérian 2024.

Ce décalage contraint désormais Abuja à une révision douloureuse de ses prévisions financières, alors que le pétrole devait couvrir 56% du budget fédéral.

Les répercussions se font déjà sentir sur la stabilité monétaire du pays. La Banque centrale du Nigeria a dû injecter près de 198 millions de dollars pour soutenir la liquidité du naira sur le marché des changes.

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