Le Tchad vient d’adopter son plan stratégique 2025-2030 pour le secteur des hydrocarbures donc de pétrole. L’atelier de validation s’est tenu les 28 et 29 octobre à N’Djamena.
Les autorités tchadiennes affichent une ambition précise : atteindre 250 000 barils par jour à l’horizon 2030. Cette cible représente une augmentation de 69 % par rapport au niveau actuel de production, qui oscille autour de 140 000 barils quotidiens.
Le secrétaire général du ministère du Pétrole, des Mines et de la Géologie, Ahmed Guet Gobaye, a présenté les grandes lignes de cette feuille de route. Il souhaite faire du secteur des hydrocarbures « le moteur durable de la transformation nationale », selon ses déclarations.
Le plan repose sur quatre axes. En amont, l’exploration et la production doivent connaître un regain d’activité. Les infrastructures intermédiaires, pipelines et dépôts notamment, nécessitent une modernisation. Bref, l’aval avec le raffinage et la distribution fera l’objet d’investissements conséquents.
Le dernier axe concerne la gouvernance et la protection environnementale. Ahmed Guet Gobaye évoque une gouvernance « irréprochable » et une transparence « totale » comme fondements du développement futur.
Le plan prévoit également de porter à 70 % le contenu local dans la chaîne de valeur pétrolière, avec un transfert de compétences et de technologies vers les opérateurs nationaux.
Cette stratégie répond à des réalités économiques préoccupantes. Le pétrole constitue le pilier des finances publiques tchadiennes. Selon l’agence Moody’s, l’or noir génère environ 60 % des recettes d’exportation du pays.
Or, la production connaît une érosion progressive. Energy Intelligence, cabinet spécialisé dans l’analyse du secteur énergétique, a publié en août une note-pays alarmante. La production est passée de 144 000 barils journaliers en moyenne en 2024 à seulement 137 000 barils entre janvier et mai 2025.
Cette baisse s’explique par le vieillissement des infrastructures et le manque d’investissements dans le secteur. Les champs matures du bassin de Doba, exploités depuis 2003, montrent des signes d’épuisement.
Le déclin naturel des réservoirs s’accélère. Sans injection de capitaux, la production pourrait continuer sa chute et compromettre les équilibres budgétaires d’un État fortement dépendant de la rente pétrolière.
Enfin, le contexte géographique renforce l’urgence d’agir. Le Tchad reste un pays enclavé, sans accès à la mer. Cette situation géographique pénalise son développement économique et limite ses options commerciales.
Les revenus pétroliers représentent donc un enjeu vital pour financer les infrastructures et services publics. La Banque africaine de développement table sur une croissance du PIB de 5,3 % en 2025, portée notamment par le dynamisme du secteur pétrolier. Encore faut-il que la production suive les ambitions affichées.