Personne ne s’y attendait : Xi Jinping fait comme Trump et boude l’Afrique

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Crédit Photo : Xinhua

Après Donald Trump, le président chinois, Xi Jinping, ne se rendra pas à Johannesburg pour le G20 des 22 et 23 novembre.

Pékin a confirmé jeudi que Li Qiang, Premier ministre, conduira la délégation chinoise. Cette absence, moins d’une semaine après le retrait américain, fragilise un sommet que l’Afrique du Sud voulait historique.

Xi Jinping avait pourtant fait le déplacement l’an dernier à Rio de Janeiro. Cette fois, aucune explication officielle. Le ministère chinois des Affaires étrangères s’est contenté d’annoncer la représentation par Li Qiang, sans autre commentaire.

La décision survient alors que Donald Trump avait annoncé, le 8 novembre, le boycott total de son administration. Le président américain avait invoqué sur Truth Social des violences contre les fermiers blancs en Afrique du Sud. Des accusations que Pretoria a rejetées, les qualifiant d’infondées.

Pékin garde le silence sur les raisons qui poussent son chef d’État à rester chez lui. Les observateurs écartent pourtant l’hypothèse d’un désintérêt chinois pour les forums internationaux. Scott Kennedy, conseiller au Center for Strategic and International Studies, a déclaré à Bloomberg qu’il ne voyait « aucun signe d’un désengagement chinois vis-à-vis de ces institutions de gouvernance mondiale qui restent des plateformes essentielles pour faire passer son message ». La Chine continue d’ailleurs d’envoyer ses représentants aux réunions préparatoires du G20.

Vladimir Poutine manquera lui aussi à l’appel. Le président russe évite les déplacements internationaux depuis qu’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pèse sur lui. Javier Milei, président argentin, a décliné l’invitation par solidarité avec Trump. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a également fait savoir qu’elle n’irait pas. Bref, la liste des absents s’allonge.

L’Afrique du Sud préside le G20 pour la première fois de son histoire. Cyril Ramaphosa avait présenté ce rendez-vous comme un moment où les économies africaines pourraient peser davantage dans les discussions mondiales.

Le gouvernement sud-africain entend orienter les débats vers la dette des pays en développement, la transition énergétique et les obstacles commerciaux qui freinent la croissance. Ces ambitions se heurtent désormais à l’absence des dirigeants de trois des plus grandes économies du globe.

La simultanéité des retraits américain et chinois interroge. Trump et Xi Jinping adoptent des postures similaires alors que leurs deux pays s’affrontent sur le plan commercial et géopolitique.

Cette convergence, même involontaire, affaiblit la portée d’un sommet censé réunir les puissances qui pèsent plus de 80% du PIB mondial. Pretoria minimise les dégâts. Ramaphosa a déclaré mercredi que « le G20 se déroulera comme prévu » et que les absents subissent « leur perte ».

Les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales ont déjà tenu leurs réunions. Cent trente des cent trente-deux rencontres préparatoires se sont déroulées sans incident. Les négociations techniques avancent donc. Reste que la présence des chefs d’État confère un poids politique aux décisions prises.

Sans Trump, sans Xi, sans Poutine, le sommet de Johannesburg ressemblera davantage à une réunion de second rang qu’à un forum où se dessine l’avenir de l’économie mondiale.

L’ironie veut que Li Qiang représente déjà régulièrement la Chine lors de grands rendez-vous internationaux. Il s’était déplacé à New Delhi en 2023 pour le G20, puis au Brésil pour le sommet des BRICS plus tôt cette année. Xi Jinping a réduit ses voyages à l’étranger depuis plusieurs années. Cette habitude n’enlève rien au symbole : la première puissance économique mondiale et la deuxième délaissent ensemble un sommet africain. Un camouflet pour un continent qui espérait enfin compter.

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