Pour la production de passeport, ce pays d’Afrique a décidé d’écarter la France au grand bonheur de la Russie qui n’attendait que cela.
La République Centrafricaine a officiellement relancé, le 9 avril 2025, la production des passeports diplomatiques et de service, mettant ainsi un terme à plusieurs mois d’interruption. Cette reprise marque la deuxième étape de la mise en service du nouveau système national de délivrance des titres de voyage, désormais confié à Sedosec, un opérateur d’origine russe.
Ce changement de prestataire intervient après la rupture du contrat avec Africard Co. Limited, ancien partenaire français déclaré défaillant.
En décembre 2024, les autorités centrafricaines avaient suspendu la délivrance de tous les passeports pour faciliter le transfert des données vers Sedosec et permettre une refonte complète du système.
Selon la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, ce choix a été dicté par la volonté d’aligner le pays sur les standards internationaux de protection des données et de lutte contre la falsification des documents. »Nous avons évalué plusieurs propositions, et celle de Sedosec s’est distinguée par la qualité de ses services », a-t-elle déclaré.
La délivrance des passeports diplomatiques, contrairement aux documents ordinaires, requiert des procédures spécifiques de validation, »ce qui explique le décalage dans leur redémarrage. Alors que tout citoyen peut demander un passeport standard, les titres diplomatiques ou de service sont soumis à des conditions d’éligibilité strictes », souligne le gouvernement centrafricain.
Ce partenariat avec Sedosec intervient dans un contexte sensible, alors que la Centrafrique tente de reprendre le contrôle sur un système de délivrance des passeports gangrené par les trafics, notamment de titres diplomatiques.
Ces derniers, parfois utilisés pour faciliter les circuits de contrebande d’or et de diamants, sont au cœur de préoccupations sécuritaires majeures depuis l’incendie du centre d’émission en 2021.
L’attribution du marché de passeport à la Russie au détriment de la France s’inscrit par ailleurs dans un mouvement plus large de renforcement de l’influence de Moscou dans ce pays d’Afrique.
Déjà omniprésents dans les sphères sécuritaires via le déploiement de l’Africa Corps – ex-groupe Wagner –, les intérêts russes s’étendent désormais au secteur névralgique de l’identification.Les demandes de passeports, qu’elles soient ordinaires ou urgentes, doivent être accompagnées d’un reçu de paiement respectivement de 50 000 ou 90 000 francs CFA, à régler auprès d’Ecobank, comme l’indiquent les autorités. Une procédure qui, selon le gouvernement, gagne désormais en fiabilité grâce au nouveau système mis en place.