Le ciel vénézuélien s’est vidé ce week-end ; Air Europa a rejoint ce lundi 24 novembre 2025 la liste des compagnies qui ont annulé leurs vols vers Caracas après une sortie des États-Unis. La décision intervient après qu’une dizaine de transporteurs internationaux ont fait le même choix samedi et dimanche.
L’Administration fédérale de l’aviation américaine a publié vendredi un avertissement formel. Le document évoque une « aggravation de la situation en matière de sécurité et une intensification de l’activité militaire au Venezuela ». Les menaces identifiées concernent tous les appareils, quelle que soit leur altitude.
Décision d’Air Europa : une réaction en chaîne après une sortie des États-Unis
Iberia, TAP Air Portugal, Avianca, GOL et Latam ont fermé leurs lignes en premier. Turkish Airlines a suivi dimanche en annonçant des annulations entre le 24 et le 28 novembre. Air Europa a finalement cédé lundi. Seules Copa Airlines et quelques compagnies locales comme Laser maintiennent leurs rotations.
Une source d’Air Europa a confirmé à l’AFP que les vols resteraient suspendus « jusqu’à ce que les conditions permettent une reprise sûre ». Bref, personne ne sait quand le trafic reprendra.
La présidente de l’Association des compagnies aériennes du Venezuela, Marisela de Loaiza, a appelé les voyageurs à rester attentifs aux communications de leurs transporteurs. Des centaines de passagers se retrouvent bloqués ou doivent revoir leurs projets.
Un déploiement militaire sans précédent
Washington a envoyé dans les Caraïbes le porte-avions USS Gerald R. Ford, le navire le plus avancé de sa marine. Au total, environ 15 000 soldats américains sont désormais positionnés dans la région. La flotte comprend huit navires de guerre et des chasseurs furtifs F-35.
Cette présence s’inscrit dans le cadre de l’opération Lance du Sud, lancée en septembre pour lutter contre le trafic de drogue. Depuis cette date, les forces américaines ont frappé plus de 20 embarcations soupçonnées de transporter des stupéfiants. Le bilan atteint 83 morts, selon plusieurs sources concordantes.
Nicolás Maduro dénonce une manœuvre visant à le renverser. Le président vénézuélien y voit une menace directe contre sa souveraineté. Lundi, son ministère des Affaires étrangères a qualifié de « fabrication ridicule » la décision américaine de classer son gouvernement comme organisation terroriste liée au narcotrafic.
Des risques techniques identifiés
La FAA mentionne des problèmes concrets. Depuis septembre, plusieurs avions civils ont rencontré des interférences avec leurs systèmes de navigation par satellite lors de survols du territoire vénézuélien. Certains appareils ont continué à subir des dysfonctionnements même après avoir quitté l’espace aérien concerné.
L’avertissement précise que des brouilleurs de signal GPS peuvent affecter les appareils jusqu’à 250 milles nautiques de distance. Les communications, la surveillance et d’autres systèmes critiques se trouvent compromis.
Les forces armées vénézuéliennes disposent d’avions de chasse et de systèmes antiaériens capables d’atteindre les altitudes de croisière des avions de ligne. L’agence américaine évoque également le déploiement de missiles portables à basse altitude.
Un isolement qui s’accroît
Le Venezuela comptait autrefois parmi les destinations les mieux connectées d’Amérique latine. Son réseau aérien s’est progressivement effrité ces dernières années. Les liaisons avec les États-Unis sont interrompues depuis 2019.
Cette nouvelle vague de suspensions aggrave la situation. Les Vénézuéliens de la diaspora, estimés à plusieurs millions, peinent désormais à maintenir le lien avec leurs familles restées au pays. Les échanges commerciaux subissent un nouveau coup.
Enfin, les quelques compagnies qui continuent d’opérer réévaluent leur position quotidiennement. Turkish Airlines n’a annoncé qu’une suspension de cinq jours. Air Europa n’a fixé aucun horizon de reprise.
L’administration Trump prévoyait de désigner lundi un cartel de drogue présumé dirigé par Maduro comme organisation terroriste. Cette escalade diplomatique s’ajoute aux 50 millions de dollars de récompense offerts pour des informations menant à l’arrestation du dirigeant vénézuélien.
L’avertissement de la FAA reste valable jusqu’au 19 février 2026. Les compagnies américaines doivent désormais notifier leurs plans de vol 72 heures à l’avance. Un retour rapide à la normale semble peu probable.