Le Rwanda semble avoir trouvé la solution contre le paludisme à travers les drones. Concrètement, ces appareils pulvérisent des insecticides dans les marais où se reproduisent les moustiques.
Les résultats sont spectaculaires. Entre 2016 et 2022, les cas de paludisme ont chuté de près de 70%. L’idée combine technologie avancée et action communautaire pour combattre cette maladie qui touche encore des millions d’Africains.
Le pays des mille collines confirme sa position de pionnier technologique en Afrique. Après le succès de Zipline, qui livre médicaments et sang par drones dans les zones isolées, le Rwanda applique maintenant cette technologie contre le paludisme. La méthode envisagée détruit les larves de moustiques avant qu’elles n’atteignent l’âge adulte.
« Derrière moi, nous avons un marais de plus de 280 hectares qui est régulièrement pulvérisé par un drone chaque deux semaines », explique Phocas Mazimpaka du Rwanda Biomedical Center (RBC).
« Il y en a un autre, dans le quartier de Kabuye, de plus de 230 hectares. Les deux marais ont été choisis car ils contenaient beaucoup de larves de moustiques et les régions environnantes connaissaient des cas de paludisme en nombres très élevés. »
L’entreprise locale Charis UAS gère ces opérations par drones. Elle est spécialisée dans la cartographie et l’imagerie aérienne.
Paul Kamali, directeur de la lutte contre le paludisme chez Charis UAS, détaille leur méthode : « On procède d’abord à la cartographie de la zone à pulvériser par le drone. Cela nous aide à identifier les masses d’eau stagnante, là où les moustiques se reproduisent. Avec le bon insecticide, on empêche les moustiques d’atteindre l’âge adulte ».
Cette technique de précision permet d’atteindre des zones souvent inaccessibles avec les méthodes traditionnelles. Dans les endroits où les drones ne peuvent pas intervenir, des équipes avec des pulvérisateurs manuels prennent le relais. Cette complémentarité assure une couverture complète des zones à risque.
Cependant, les drones ne sont qu’un élément d’une stratégie nationale plus large.
« L’usage des drones anti-moustiques fait partie d’un vaste programme national de lutte contre le paludisme. Nous savons que nous ne pouvons pas utiliser les drones dans tout le pays, parce que c’est trop cher », reconnaît Phocas Mazimpaka.
« C’est pourquoi nous combinons différentes approches selon les régions: pulvérisation domestique, sensibilisation à l’hygiène, mobilisation communautaire… Le plus important, c’est d’éduquer la population sur les moyens simples et efficaces de prévenir la maladie. »
Les chiffres montrent l’efficacité de cette approche globale. Selon le RBC, les cas de paludisme ont diminué de 4,8 millions en 2016 à environ 1,4 million en 2022.
Plus impressionnant encore, le nombre de décès annuels liés à cette maladie est passé de 700 à moins de 100 durant la même période. Ces progrès remarquables résultent d’une combinaison de prévention, d’innovation et d’engagement citoyen.