Au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine a longtemps tiré profit du « traitement spécial et différencié », un dispositif offrant aux économies en développement plus de temps pour appliquer certaines règles et davantage de flexibilité dans leurs engagements.
Cette position était jugée incohérente par de nombreux partenaires, qui voyaient dans ce maintien une manière de profiter d’un statut protecteur tout en étant déjà un acteur économique majeur.
Pékin a récemment annoncé qu’elle ne revendiquera plus ces avantages pour les négociations en cours et à venir.
Ce choix est présenté comme une contribution à la réforme de l’OMC, mais il répond aussi à des pressions extérieures croissantes. Les États-Unis et l’Union européenne réclamaient depuis longtemps un ajustement, estimant que le poids économique de la Chine ne correspondait plus à ce privilège.
En renonçant à ces facilités, Pékin cherche à désamorcer une critique persistante et à renforcer son image de puissance disposée à jouer selon les mêmes règles que les autres grands acteurs du commerce mondial.
Même si la Chine conserve officiellement son statut de pays en développement pour souligner les inégalités encore présentes entre ses zones urbaines et rurales, ce renoncement change la dynamique des discussions commerciales.
Pour les pays d’Afrique ou d’Asie qui continuent de compter sur ces dispositifs, l’initiative chinoise pourrait devenir un précédent difficile à ignorer.
Elle place aussi Pékin dans une position où ses choix économiques seront davantage scrutés et où les concessions attendues de sa part pourraient s’élargir.
L’abandon de cette stratégie peut être comparé à un joueur de longue date qui décide de retirer un avantage particulier afin de montrer qu’il peut gagner sans appui supplémentaire.
En pratique, cela ne modifie pas immédiatement les échanges commerciaux, mais cela reconfigure l’équilibre politique au sein de l’OMC.
La décision reflète aussi une volonté de Pékin de montrer qu’elle accepte désormais d’assumer pleinement son rôle d’économie de premier plan.
En mettant un terme à une stratégie jugée controversée, la Chine envoie un signal destiné à ses partenaires : elle ne veut plus apparaître comme une puissance cherchant à rester dans l’entre-deux, mais comme un acteur qui entend assumer les responsabilités liées à son poids économique actuel.
Reste à savoir si ce pas suffira à apaiser les critiques ou s’il ouvrira au contraire de nouvelles exigences à son égard.