Au détour d’un entretien accordé à Afrik-Foot.com, Basile Boli, l’ancien défenseur de l’Olympique de Marseille, club dont il est aujourd’hui l’ambassadeur, s’est prononcé sur l’actualité footballistique.
Au cours de ce tête-à-tête, le franco-ivoirien est revenu sur la saison difficile de l’OM, sur le début de l’Euro 2024, qu’il couvre en Allemagne en tant que consultant, et sur le sacre de la Côte d’Ivoire, son pays de naissance, à la dernière Coupe d’Afrique des nations.
Ci-dessous, l’intégralité de son interview :
Basile Boli, la première journée de l’Euro 2024 s’est achevée, comment jugez-vous les premiers matchs ?
« Il y a de très belles équipes. Ça, c’est le premier constat. Les favoris sont là, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre, etc. J’aime le contenu que je vois depuis le début, il y’a beaucoup de buts, les équipes ne ferment pas le jeu. C’est de bon augure pour la suite de la compétition ».
Quelle est l’équipe favorite selon vous ?
« Les mêmes, je crois. La France dans l’impact, dans le don de soi, dans l’abnégation a montré un bon visage. L’Allemagne, tout en technique, tout en mouvement avec des jeunes insouciants comme Musiala et Wirtz est aussi une bonne équipe dans un autre registre. Il faudra aussi compter je crois sur l’Espagne et l’Angleterre. Les Anglais n’ont pas produit grand-chose lors de leur premier match, mais ils ont du matos pour aller loin. Parfois, il y a des équipes, elles montent en puissance dans un tournoi. Ça sera peut-être le cas de l’Angleterre, qui sur le papier est peut-être la meilleure équipe du tournoi ».
Vous avez joué avec la France l’Euro 1992, qu’elle est la différence entre cet Euro et celui de 2024 ?
« Tout a changé depuis. Là, c’est un nouveau football, avec 24 équipes. Je crois que nous à l’époque, c’était 8. La règle de la passe au gardien de but qui pouvait se saisir du ballon existait encore. On ne peut pas comparer les deux époques. L’OM, c’est l’équipe des Africains”
Marseille avait la saison dernière un fort accent africain, avec des joueurs sénégalais, gabonais, camerounais, marocains, congolais… Allez-vous continuer de recruter africain ?
« Les footballeurs africains ont toujours porté haut le flambeau de l’Olympique de Marseille. C’est ce qui fait de ce club, l’équipe des Africains. Fais un tour en Afrique, tu vas t’en rendre compte. Marseille ressemble beaucoup à ce continent dans sa chaleur humaine, dans sa communion, dans la ferveur, le don de soi, l’abnégation. Et je crois que c’est ça le football. Abedi Pelé, Basile Boli, Drogba, Niang, Joe Bell, ces africains ont fait vibrer ce club et ses supporters. Marseille est le club des Africains. Si nous pouvons signer d’autres jeunes Africains, nous n’allons pas hésiter car l’objectif cette saison, c’est de se qualifier pour la prochaine Ligue des champions ».
Justement, vous êtes l’unique buteur de la finale de la Ligue des champions remportée par l’OM en 1993. On a l’impression que depuis, Marseille régresse ?
« Je ne peux pas dire ça, nous avons joué d’autres finales après celle de 1993. Nous en avons perdu une aussi avant de soulever le trophée de 1993. C’est comme ça, le football est une histoire de chance parfois. Je vais vous donner un exemple, l’équipe de l’OM qui perd la finale de 1991 est plus forte selon tous les observateurs que celle qui gagne en 1993. En football, le meilleur ne gagne pas tous les jours ».
Pour cette nouvelle saison, on a annoncé Sergio Conceiçao puis Roberto De Zerbi sur le banc de l’OM. Est-ce vrai ?
Oui, la direction a travaillé sur ces deux entraineurs. Pour l’instant rien n’est signé ni avec l’un, ni avec l’autre. Ce sont deux très bons entraineurs qui ont des styles différents mais qui peuvent coller avec la mentalité de l’Olympique de Marseille. L’OM aime les entraineurs qui ont du caractère et qui peuvent faire vibrer le Vélodrome.
Qu’est ce qui vous bloque pour finaliser l’un des dossiers ? Les droits TV qui n’ont toujours pas trouvé preneur ?
« (Rires) J’ai entendu le président de Montpellier (Laurent Nicollin, ndlr) dire que si la Ligue ne trouve pas une solution à ce problème, son club risque de tomber en faillite. Ce n’est pas ce qui empêche l’OM de signer son nouvel entraineur, nous sommes juste en train de continuer les négociations. Après oui, je crois aussi qu’il faudra régler ce problème des droits TV car la vie de beaucoup de clubs en dépend. C’est une situation inédite. Plusieurs clubs veulent lancer leur recrutement, faire leur budget pour la saison prochaine, malheureusement ils ne peuvent pas en l’état actuel des choses. C’est la première fois que nous vivons une telle situation. Les clubs doivent reprendre, pour certains je veux dire, dans deux semaines, et jusqu’à présent ils sont dans l’incertitude ».
Ils ne peuvent pas recruter ?
« Avec quel argent ? Pour recruter, il faut au préalable connaitre le montant des droits TV et leur répartition. C’est cette enveloppe qui te permet de mettre en place ton budget et essayer de recruter et de se projeter sur la saison à venir. Au moment où je te parle, tous les clubs attendent !
J’ai versé des larmes comme un enfant dans les bras de Sébastien Haller ».
La saison qui vient se s’écouler fut longue et difficile, que s’est-il passé ?
« Nous avons fait un très bon recrutement à l’intersaison, nous avions un projet très ambitieux d’aller titiller le PSG, malheureusement ça n’a pas fonctionné. C’est le football ! Le meilleur ne gagne pas forcément. Nous avons vécu une saison difficile, nous ne sommes même pas européens. Ce sont des choses qui arrivent.
Aujourd’hui, il faut repartir sur de nouvelles bases, avec un entraineur qui va essayer de faire vibrer le Vélodrome. La saison dernière a été ratée, on doit réussir celle qui vient. On espère que les supporters seront fiers de leur équipe. Les supporters de l’OM qui sont sur le continent africain aussi doivent être rassurés, Marseille sera toujours leur équipe. Nous avons d’ailleurs pas mal de jeunes africains en Gambardella, un jeune Gabonais très prometteur et deux très bons jeunes Sénégalais qui commencent à taper à la porte de l’équipe première ».
Vous avez suivi la dernière Coupe d’Afrique des nations qui s’est jouée dans votre pays de naissance, la Côte d’Ivoire. Peut-on comparer la CAN à l’Euro ?
« Nous avons vécu une coupe d’Afrique des nations exceptionnelle. J’étais à Abidjan, mais je peux vous dire que c’était autre chose. La ferveur, l’ambiance, la vie à l’intérieur et à l’extérieur des stades, les couleurs… La CAN reste une compétition unique. C’est une compétition qui peut rivaliser avec les autres surtout que le niveau de jeu a vraiment progressé. Personnellement, j’étais surpris, agréablement surpris d’ailleurs ! On ne peut pas comparer les deux, le football en Afrique, c’est plus que du foot.
Moi, j’avais trois équipes, le Sénégal, le Mali et mon pays la Côte d’Ivoire. Je suis sénégalais de par mon épouse qui est sénégalaise. La famille était partagée quand les deux équipes se sont rencontrées. Et quand la Côte d’Ivoire a éliminé ces deux pays, j’ai souhaité qu’elle aille au bout. J’ai vibré, j’ai versé des larmes comme un enfant dans les bras de Sébastien Haller. Le football, c’est quand même autre chose en Afrique ! »
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