La Russie et la Chine, principales puissances influentes en Asie centrale, doivent construire les premières centrales nucléaires du Kazakhstan, ont annoncé ce samedi 14 juin 2025 les autorités de cet immense pays de la région, premier producteur mondial d’uranium.
« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a d’abord indiqué l’agence kazakhe pour l’énergie atomique, disant désormais attendre de Moscou des propositions de financements.
Une annonce suivie d’une autre quelques heures après, inattendue, assurant que la Chine pourrait construire la deuxième centrale du pays, alors que le dirigeant chinois Xi Jinping est attendu lundi et mardi au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».
« Il est prévu de signer un accord distinct avec la Chine sur la coopération dans le secteur nucléaire. Nous souhaitons voir les technologies chinoises utilisées au Kazakhstan pour la construction d’une autre centrale nucléaire », a précisé le président de l’agence, Almassadam Satkaliev.
D’après lui, « la Russie et la Chine avaient objectivement les meilleures propositions », avec Rosatom et China National Nuclear Corporation, tandis que les entreprises françaises EDF et sud-coréennes Korea Hydro & Nuclear Power étaient aussi sur les rangs.
« La Chine est l’un des pays qui dispose de toutes les technologies nécessaires et d’une base industrielle complète et notre prochaine priorité est la coopération avec elle », a déclaré M. Satkaliev, précisant que la « décision finale serait prise après examen de tous les détails nécessaires ».
Pékin n’a pour l’heure pas réagi aux déclarations kazakhes, mais le russe Rosatom a salué dans un communiqué la décision kazakhe et promis « la construction d’une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».
« Les réacteurs VVER-1200 de génération 3+ combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents, développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.
Xi attendu au Kazakhstan
Si la première centrale doit être bâtie près du village à moitié abandonné d’Ulken (sud), sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d’Asie centrale, aucun détail n’a filtré sur cette deuxième centrale.
Car les autorités kazakhes avaient simplement évoqué de façon hypothétique la possibilité de construire d’autres centrales, le dirigeant Kassym-Jomart Tokaïev justifiant le recours au nucléaire civil pour ne « pas remettre en question le développement » du Kazakhstan.
Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d’uranium (43%) et troisième fournisseur d’uranium naturel à l’Union européenne, mais manque cruellement d’électricité pour sa consommation intérieure.
La décision kazakhe de choisir la Russie et la Chine pour la construction des centrales est logique, tant ces deux puissances voisines du Kazakhstan sont incontournables en Asie centrale.
L’agence nucléaire kazakhe a cependant assuré samedi que « les risques de dépendance vis-à-vis de la Russie en matière de technologies nucléaires étaient minimes, voire inexistants » et que le Kazakhstan serait « propriétaire » de sa première centrale, sans mentionner la Chine.
Moscou utilise son influence historique pour maintenir sa position dans la région, tandis que Pékin investit des milliards de dollars dans le cadre des « Nouvelles routes de la soie » pour financer de gigantesques projets d’infrastructures devant notamment faciliter le commerce Asie-Europe.
Le dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev n’a jamais émis de préférence quant au choix du constructeur, se bornant à parler d’un « consortium international », en ligne avec sa volonté de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.
La construction de la première centrale nucléaire avait été validée l’automne dernier à l’issue d’un référendum sans surprise.
La question de l’atome est sensible au Kazakhstan dont la mémoire collective reste marquée par les quelque 450 essais nucléaires soviétiques menés dans le nord-est entre 1949 à 1989, exposant 1,5 million de personnes aux radiations.
© Agence France-Presse