Nouvelles tractations entre l’Inde et les Etats-Unis en vue d’un accord commercial

Nouvelles tractations entre l'Inde et les Etats-Unis en vue d'un accord commercial

Crédit Photo : DR

L’Inde et les Etats-Unis entament mercredi une nouvelle séquence de discussions pour parvenir à élaborer un traité de libre-échange commercial, qui patine depuis la décision de Donald Trump de sanctionner New Delhi pour ses importations de pétrole russe.

Le locataire de la Maison blanche a décidé d’imposer en août une surtaxe de 50% sur toutes les produits indiens à destination de son pays, accusant l’Inde de participer par ses achats de brut au financement de l’effort de guerre russe en Ukraine.

Le séjour indien du représentant adjoint américain au commerce, Rick Switzer, intervient quelques jours après celui du président russe Vladimir Poutine, qui a affirmé qu’il entendait bien continuer à vendre son or noir au Premier ministre Narendra Modi.

Il y a peu de chance que cette visite accouche de progrès immédiats sur la voie d’un accord, vital pour l’économie indienne. New Delhi a qualifié la venue du représentant américain de voyage de « familiarisation »…

Les enjeux

L’économie indienne affiche une croissance inégalée sur la planète – 8,2% sur un an au 3e trimestre 2025. Mais elle accusait l’an dernier un déficit commercial de 45,8 milliards de dollars avec les Etats-Unis.

Les téléphones portables et les médicaments génériques ont été épargnés par la surtaxe américaine.

Mais la punition pèse sur de nombreux secteurs à forte main d’œuvre dans un pays qui n’arrive pas à créer d’emplois pour les 10 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur son marché du travail.

Les exportations indiennes ont reculé de 12% en rythme annuel en octobre dernier, largement en raison de la surtaxe américaine. Selon la Global Trade Research Initiative (GTRI), celles de la joaillerie, du textile et des fruits de mer ont chuté de 37 à 60% de mai à septembre.

En même temps, les investissements étrangers en Inde se sont rétrécis de 16 milliards de dollars cette année, poussant la roupie ces derniers jours à son plus bas historique autour de 90 roupies pour un dollar.

Le Fonds monétaire international (FMI) a déjà révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025-2026, de 6,4 à 6,2%. Et, anticipe la GTRI, le montant des exportations pourrait tomber de 86,5 milliards l’an dernier à 49,6 milliards.

Le pétrole russe

L’Inde, qui importe 85% de ses besoins en or noir, s’est largement approvisionnée à bon prix auprès de la Russie, victime des sanctions occidentales.

Donald Trump a assuré que Narendra Modi lui avait promis de renoncer au pétrole russe. New Delhi n’a jamais rien confirmé mais les statistiques récentes révèlent que ses achats auprès de Moscou ont baissé.

Devant le Premier ministre indien, Vladimir Poutine s’est plu la semaine dernière à assurer que son pays était prêt à « continuer à livrer du pétrole pour l’économie indienne en forte croissance ».

  1. Modi a lui rappelé que « la sécurité énergétique était un pilie rimportant et fort » de son partenariat avec la Russie.

La réaction de Washington à ces déclarations et au recul des importations indiennes de brut russe reste à voir.

Les points de frictions

Les tractations entre les deux pays butent pour une large part sur la question de l’agriculture. New Delhi résiste âprement aux exigences américaines pour qu’elle ouvre son marché agricole à son riz ou son blé.

Un responsable du ministère du Commerce indien a assuré à l’AFP que cette question était « largement résolue », mais Donald Trump a encore reproché publiquement lundi à l’Inde d’exporter son riz à bas prix sur le marché américain.

Ces discussions sont compliquées par la volonté du président américain d’imposer des droits de douane réciproques, fait-on remarquer côté indien.

« Deux négociations séparées, parallèles sont en cours mais elles se nourrissent l’une l’autre », a relevé la semaine dernière le ministre indien du Commerce, Rajesh Agrawal.

Quelles perspectives ?

Les relations bilatérales se sont un peu apaisées depuis l’annonce de la surtaxe américaine.

Les Etats-Unis ont ainsi approuvé en novembre deux contrats de livraison d’armes à l’Inde d’un montant modeste de 93 millions de dollars, tandis que New Delhi a accepté d’acheter 10% de son besoins en gaz de pétrole liquéfié (GPL) Outre-Atlantique.

Selon les exports, ce dernier contrat pourrait convaincre Washington de la volonté indienne de réduire ses approvisionnements auprès de Moscou.

 Avec AFP

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