C’est un nouvel épisode des tensions entre le Burkina Faso et la France : un ressortissant français a été arrêté pour espionnage.
Concrètement, celui-ci, directeur au Burkina Faso de l’ONG INSO spécialisée dans la sécurité humanitaire, a été arrêté fin juillet 2025 à Ouagadougou, soupçonné d’espionnage, ont indiqué ce mercredi 3 septembre 2025 plusieurs sources informées du dossier, confirmant une information du Monde.
Le Burkina Faso est dirigé depuis près de trois ans par une junte autoritaire qui a tourné le dos à l’Occident et à la France en particulier.
Selon des experts sécuritaires de la région contactés par l’AFP, le directeur d’INSO est accusé d’espionnage.
Selon une source proche du dossier, le travailleur humanitaire est « bien traité » et son organisation est en « contact avec les autorités du Burkina Faso » pour obtenir sa libération.
L’ONG, basée à la Haye aux Pays-Bas, fournit notamment des analyses sécuritaires pour d’autres associations humanitaires.
« Vu que c’est une ONG qui fait de l’analyse de contexte, la recherche d’informations, elle doit très certainement paraître suspecte aux yeux des autorités locales », a affirmé un des experts sécuritaires de la région.
Le 31 juillet, elle avait été suspendue trois mois par les autorités burkinabè pour « collecte de données à caractère sensible sans autorisation préalable ».
Le régime militaire n’a pas communiqué sur l’arrestation de ce Français.
Entre juin et juillet, la junte a révoqué en l’espace d’un mois l’autorisation d’exercer de 21 ONG et suspendu dix autres associations pour une durée de trois mois.
Les voix dissidentes sont durement réprimées au Burkina Faso où des journalistes et des membres de la société civile ont été enlevés ces dernières années.
La junte qui affirme régulièrement déjouer des « tentatives de déstabilisation » a rompu avec la France, ex-puissance coloniale : elle a exigé le départ en 2023 des soldats engagés dans la lutte antijihadiste et a expulsé des diplomates français l’an dernier.
Quatre fonctionnaires français accusés d’espionnage avaient été détenus pendant un an à Ouagadougou, avant d’être libérés en décembre 2024 avec l’aide d’une médiation marocaine.
Fin 2024, le Niger, pays voisin du Burkina également dirigé par une junte militaire hostile à la France, avait aussi révoqué l’autorisation d’exercer d’INSO sur leur territoire.
Avec le Mali, où des militaires sont aussi au pouvoir, ces trois pays sahéliens sont confrontés depuis des années à des violences jihadistes qu’ils peinent à enrayer. Ils se sont rapprochés pour former une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel.
Un ressortissant français est détenu à Bamako depuis début août, accusé de travailler « pour les services de renseignement français », des accusations « sans fondement » selon le Quai d’Orsay.
© Agence France-Presse