Nouvelle réussite au Mali : Tombouctou retrouve enfin ses trésors

Tombouctou Mali

Crédits photo : Elfenpfote sur Istock

Après treize longues années d’exil à Bamako, capitale du Mali, les manuscrits de Tombouctou rentrent enfin chez eux.

Le lundi 11 août 2025, les autorités maliennes ont officiellement lancé le retour de ces précieux documents vers leur ville d’origine.

Il faut savoir que l’histoire de ces manuscrits ressemble à un véritable thriller. En 2012, quand les groupes jihadistes ont pris le contrôle de Tombouctou, bibliothécaires, associations et habitants ont organisé une mission de sauvetage.

Ils ont transporté des centaines de milliers de documents anciens vers Ségou, puis Bamako, souvent cachés dans des sacs de riz ou transportés à moto et sur des charrettes tirées par des ânes.

Sous un soleil brûlant, un camion a franchi les portes de l’Institut des hautes études et recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou.

Plus de 200 caisses de manuscrits, acheminées depuis Bamako ; voilà le début de ce retour tant attendu. Pour Alpha Saleh, de l’ONG Sauvegarde et valorisation des manuscrits pour la défense de la culture islamique aux micros de RFI, c’est une victoire personnelle.

« Les manuscrits de Tombouctou. C’est l’identité de Tombouctou. On a senti que les manuscrits s’éternisaient à Bamako », explique-t-il avec émotion. Ces documents ne sont pas de simples livres anciens. Ils représentent « le fruit d’un moment de l’histoire extraordinaire. Le moment de l’université de Sankoré, qui avait près de 25 000 étudiants ».

Pour rappel, l’université de Sankoré était l’une des premières universités au monde. Elle attirait des étudiants de toute l’Afrique et même d’Europe au Moyen Âge. Tombouctou comptait plus de 500 000 manuscrits traitant de sujets variés : jurisprudence islamique, médecine, astronomie, mathématiques et littérature.

Malheureusement, 2012 a été une période sombre pour ce patrimoine. Les jihadistes d’Al-Qaïda ont détruit neuf mausolées et près de 4 000 manuscrits. Heureusement, le courage des habitants a permis de sauver l’essentiel.

« Nous avons pu exfiltrer près de 400 000 manuscrits pendant les dix ans ou treize ans. Procéder à la numérisation de l’ensemble de ces manuscrits », précise Alpha Saleh.

Actuellement, « les 39 000 manuscrits de l’ancien Madaba sont à Tombouctou ». Le Madaba désigne l’ancienne école coranique traditionnelle. Ces premiers retours concernent donc les collections publiques les plus importantes.

Cependant, des défis persistent. La situation sécuritaire dans cette région, située à plus de 700 km de Bamako, inquiète encore les propriétaires privés de manuscrits. « On n’a pas le contrôle sur les manuscrits des privés », reconnaît Alpha Saleh. Certaines bibliothèques privées hésitent encore à rapatrier leurs collections.

Néanmoins, l’expert reste optimiste. « On espère que ce soit l’indice pour que les bibliothèques privées aient confiance et se disent que les manuscrits de la structure étatique sont là. Pourquoi pas nos manuscrits ? » Cette première vague de retours pourrait encourager d’autres propriétaires à suivre l’exemple.

Un argument de poids plaide en faveur du retour : le climat de Tombouctou. « À Tombouctou, le climat est approprié pour les manuscrits. C’est un climat chaud et sec », souligne Alpha Saleh. Ces conditions naturelles offrent une meilleure conservation que les environnements urbains de Bamako.

Les autorités maliennes ont promis de poursuivre ces expéditions vers Tombouctou.

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