Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger rassemblés dans l’Alliance des États du Sahel (AES) ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la question du FCFA revient au centre des préoccupations.
Face à la question, Jean Kacou Diagou, figure emblématique de la finance ouest-africaine et fondateur du groupe NSIA, affiche pourtant aux micros de nos confrères de Jeune Afrique une sérénité à toute épreuve concernant l’avenir du FCFA, cette monnaie commune aux huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
« Nous n’avons pas d’inquiétudes particulières sur l’avenir de la monnaie commune de la zone UEMOA. Nous faisons pleinement confiance aux États membres, dont les décisions seront profitables, nous en sommes certains, aux économies », affirme sans détour celui qui a bâti en trois décennies l’un des groupes financiers les plus influents d’Afrique de l’Ouest.
Cette confiance n’est pas celle d’un observateur distant, mais d’un acteur majeur du secteur bancaire et assurantiel opérant dans douze pays africains.
Avec un chiffre d’affaires consolidé atteignant 502 millions d’euros en 2023 et quelque 3 000 collaborateurs, NSIA incarne cette nouvelle génération d’entreprises financières africaines qui ont pris le relais des institutions occidentales en retrait.
Une transition monétaire dans un paysage financier en mutation pour le FCFA
Le FCFA, monnaie historiquement liée à la France et dont la réforme annoncée en 2019 prévoit l’évolution vers l’eco, se retrouve au cœur d’un débat ravivé par les récentes tensions géopolitiques.
La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO soulève légitimement des interrogations sur l’architecture monétaire régionale.
Pourtant, Jean Kacou Diagou observe ces mouvements avec le recul de l’expérience.
« Au Mali, nous n’avons pas de défis particuliers avec les autorités en place, qui reconnaissent notre rôle d’acteur du développement économique et social », explique-t-il, soulignant la primauté des réalités économiques sur les postures politiques.
Cette position reflète une vision large du secteur financier ouest-africain en pleine transformation.
« En trois décennies, le paysage bancaire en Afrique de l’Ouest a connu de profondes mutations. La professionnalisation des banques et le renforcement des régulations imposées par la BCEAO ont stabilisé le secteur », analyse le financier ivoirien.
Ainsi, pour lui, l’avenir du FCFA s’inscrit dans celui plus global du secteur financier régional.
À cet égard, le fondateur de NSIA défend avec conviction le modèle de bancassurance qu’il a développé : « La synergie entre la finance et l’assurance via la bancassurance s’est vite imposée à nous. Elle offre une réelle opportunité d’élargir l’accès de tous les acteurs économiques au système financier. »
Le FCFA, en tant qu’outil de cette inclusion, participe à cette dynamique positive malgré les critiques récurrentes sur sa souveraineté limitée.