Hostile envers le projet du barrage éthiopien de la Renaissance, l’Égypte renforce ses relations avec l’Ouganda. Dépendante du Nil pour ses besoins, l’Égypte veut contrecarrer les plans de l’Éthiopie.
A cet effet, Le Caire poursuit sa diplomatie offensive envers les pays traversés par le Nil. Le lundi 4 août, à Kampala, capitale ougandaise, le ministre égyptien des Affaires étrangères et de l’Immigration, Badr Abdel Aaty, a rencontré son homologue ougandais, Henry Oryem Okello, ministre d’État aux Affaires étrangères.
La réunion, tenue en présence du ministre égyptien des Ressources en eau et de l’Irrigation, Hani Sewilam, s’est inscrite dans une volonté manifeste de raffermir les relations entre les deux pays et de renforcer la concertation sur les enjeux régionaux.
Cette visite, qui intervient dans un contexte de tensions persistantes sur le partage des eaux du Nil, a été l’occasion pour le chef de la diplomatie égyptienne de réaffirmer l’attachement du Caire à ses relations « historiques et fraternelles » avec Kampala.
Le ministre Abdel Aaty a exprimé le souhait d’intensifier la coopération politique et économique, notamment via un mécanisme de financement dédié aux projets de développement dans les pays du bassin du Nil Sud.
Un signal concret de cette coopération a été donné lors de la remise d’un don égyptien à une association locale œuvrant pour les jeunes et les petits agriculteurs.
Le lot comprenait du matériel agricole et des moyens de transport légers, témoignant de l’approche pragmatique du Caire, soucieux de renforcer sa présence économique en Afrique de l’Est.
Au-delà du geste symbolique, l’Égypte cherche à élargir sa coopération technique dans des domaines stratégiques : investissements, infrastructures, énergie ou encore industrie pharmaceutique.
Badr Abdel Aaty a souligné la volonté du gouvernement égyptien de faciliter l’accès de ses produits au marché ougandais et d’encourager les entreprises égyptiennes déjà actives en Ouganda.
Il a également mis en avant l’implication de l’Agence égyptienne de partenariat pour le développement dans la formation de cadres ougandais, initiative saluée par Kampala.
Mais c’est sur le dossier sensible des ressources hydriques que les échanges ont été les plus attentifs. Le ministre égyptien a insisté sur le respect du droit international dans la gestion du bassin du Nil, critiquant les démarches unilatérales, allusion transparente à l’Éthiopie et à son projet de Grand barrage sur le Nil bleu (GERD). Abdel Aaty a rappelé que l’Égypte se réserve le droit de protéger ses intérêts hydriques « par tous les moyens légaux ».
Hani Sewilam, son collègue de l’Irrigation, a quant à lui détaillé les projets bilatéraux menés en matière de gestion des ressources en eau, insistant lui aussi sur la nécessité d’un cadre légal équitable entre pays riverains.
Enfin, les deux parties ont abordé plusieurs dossiers régionaux, notamment la situation sécuritaire dans la Corne de l’Afrique.
Le Caire et Kampala ont renouvelé leur soutien à la mission de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) et ont appelé à préserver l’unité et la stabilité des États fragilisés comme la Somalie ou le Soudan.