Après deux jours de grève nationale au Nigeria, le mouvement social mené par un syndicat de chauffeurs-citernes contre la raffinerie du magnat Aliko Dangote dans un contexte de tensions entre le groupe Dangote et les travailleurs du secteur pétrolier a pris fin mardi soir, ont indiqué les deux parties dans un communiqué conjoint.
« Sur la base du protocole d’accord, le syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz (NUPENG) a accepté de suspendre le mouvement de grève avec effet immédiat », selon le communiqué partagé par le syndicat sur le réseau social X.
« Étant donné que la syndicalisation des travailleurs est un droit conforme aux dispositions des lois en vigueur, la direction de la raffinerie et de l’usine pétrochimique Dangote a accepté la syndicalisation des employés », ajoute le communiqué.
« Le processus de syndicalisation débutera immédiatement et s’achèvera dans un délai de deux semaines (du 9 au 22 septembre 2025). Il a été convenu que l’employeur ne créera aucun autre syndicat », d’après le document.
« Suite à l’avis de grève, aucun employé de la raffinerie et de l’usine pétrochimique Dangote ne sera victime de représailles », ont également indiqué les deux parties.
Lundi, les membres du NUPENG avaient cessé la distribution d’essence.
Selon le NUPENG, le groupe Dangote a voulu « contraindre » les chauffeurs recrutés par Dangote à « signer un engagement à ne pas adhérer à un syndicat », avait affirmé le syndicat dans un communiqué publié avant le début de la grève.
« Ce n’est pas vrai », avait répondu mardi à l’AFP Anthony Chiejina, porte-parole de Dangote, qualifiant les allégations du NUPENG de « chantage mesquin ».
Dangote prévoyait d’assurer elle-même l’expédition de ses produits pétroliers aux distributeurs, grâce à plusieurs milliers de camions fonctionnant au gaz naturel comprimé, court-circuitant les acteurs déjà présents sur ce marché.
Depuis des décennies, le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique mais contraint d’importer la quasi-totalité de ses carburants, fait face à des pénuries d’essence régulières.
La mise en service il y a un an de la raffinerie Dangote, avec sa capacité de 650.000 barils par jour, a changé la donne et assuré un approvisionnement régulier aux stations-services du pays.
La grève faisait planer la menace de nouvelles pénuries.
« Il n’y a pas de pénurie de carburant, tout fonctionne normalement », a ajouté M. Chiejina, précisant que des négociations de médiation étaient en cours entre le syndicat, le gouvernement et l’entreprise.
Les pratiques de Dangote « ne sont pas seulement une attaque contre les travailleurs nigérians mais aussi une menace pour tout le continent (…) qui porte atteinte aux droits des travailleurs », a déclaré mardi dans un communiqué le CSI-Afrique (Confédération internationale du travail, principale confédération syndicale de la planète).
© Avec l’Agence France-Presse