Le ramadan n’a plus le même goût cette année au Nigeria. Plutôt qu’une période de recueillement et de partage, c’est un véritable calvaire pour les porte-monnaie que traverse actuellement le pays le plus peuplé d’Afrique. Le constat effectué par nos confrères de Jeune Afrique est claire.
Avec une inflation frôlant les 30%, les prix des denrées alimentaires indispensables à la rupture du jeûne s’envolent, générant tensions et risques de troubles sociaux.
Face à cette crise aiguë du pouvoir d’achat, les autorités multiplient les injonctions pour tenter de calmer la grogne populaire.
L’émir de Kano, importante voix musulmane, a appelé les commerçants à la retenue. La redoutable police secrète les a sommés de ne pas « exploiter » la situation. Vaines paroles pour l’instant.
Les violences couvent déjà dans certaines régions où se multiplient les pillages de stocks de nourriture.
À Abuja, la capitale, la contestation a même gagné des camps de repentis djihadistes, menaçant de repartir en brousse faute de quoi se nourrir. Le président Bola Tinubu, qui a pris ses fonctions l’année dernière, est déjà sur la corde raide.
Son plan ? Stopper net les exportations alimentaires vers les pays voisins dont la monnaie, le franc CFA, reste beaucoup plus forte que le naira dévalué.
Quelque 120 camions ont ainsi été saisis à la frontière en quelques jours, dans l’espoir de réapprovisionner les marchés locaux. Une bien piètre réponse face à l’ampleur de la crise.
Car le mal est autrement plus profond : outre la dépréciation monétaire, c’est la suppression des subventions sur l’essence qui a fait exploser les coûts de production et de transport des biens.
Sans compter les ravages de l’insécurité dans les campagnes du Nord, chassant les paysans de leurs terres et menaçant les récoltes à venir.
Dans ce maelström de crises, le jeûne du ramadan risque bien cette année de n’être pour beaucoup qu’un triste et douloureux rappel des maux structurels qui rongent le Nigeria.
À Abuja comme ailleurs, c’est un bien amer sacrifice qui s’annonce.
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