Deux groupes armés de la région riche en pétrole du delta du Niger, dans le sud du Nigeria, ont revendiqué ce dimanche 13 avril 2025 de récentes attaques contre des sites pétroliers.
La région est sujette à la violence armée et au vol de pétrole brut, mais la situation sécuritaire était restée relativement stable depuis plusieurs années, jusqu’à récemment.
L’Armée de libération du delta du Niger et de Bakassi (L.A.N.D. & B) et le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) ont indiqué dans un communiqué avoir attaqué une « conduite principale » menant à un terminal pétrolier dans l’État de Bayelsa.
« Ces attaques marquent le début d’une campagne visant à chasser de l’État de Rivers les usurpateurs de l’autorité légitime du peuple », ont déclaré les combattants dans ce communiqué dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité.
Les attaques ont eu lieu au cours de la semaine passée, ont précisé des sources locales à l’AFP.
La compagnie pétrolière nigériane Oando, qui a racheté des installations auparavant exploitées par l’italien Agip, a affirmé à l’agence de presse officielle nigériane durant le week-end qu’il y avait eu « trois attaques distinctes contre ses oléoducs au cours de la semaine écoulée. »
« Il s’agit d’une conduite principale, et chaque jour de fermeture entraîne d’énormes pertes de revenus, non seulement pour le gouvernement fédéral, mais aussi pour l’entreprise et les communautés locales », a déploré dans un communiqué le ministre délégué au Pétrole, Heineken Lokpobiri, après s’être rendu sur le site visé par les attaques.
Les combattants ont affirmé qu’ils réagissaient à la récente déclaration de l’état d’urgence par le président Bola Tinubu dans l’État pétrolier de Rivers.
Des mois de luttes politiques internes dans cet État ont conduit M. Tinubu à déclarer l’état d’urgence en mars, suspendant le gouverneur Siminalayi Fubara, sa vice-gouverneure Ngozi Odu et des membres élus de l’assemblée législative de l’État.
L’état d’urgence a été instauré en raison d’attaques contre des infrastructures pétrolières dans l’État, le président Tinubu accusant le gouverneur Fubara de complicité.
M. Tinubu a nommé un vice-amiral à la retraite, Ibok-Ete Ibas, en tant qu’administrateur provisoire de l’État pour une durée de six mois.
Un retour aux troubles dans la région nuirait aux projets de réforme économique du président Tinubu.
Le pays traverse l’une des crises du coût de la vie les plus sévères depuis des décennies, et son économie fragile commence à peine à montrer des signes de reprise.
Le groupe L.A.N.D. & B est relativement peu connu, tandis que le MEND avait déjà semé le chaos sur les installations pétrolières nigérianes dans les années 2000. Sa campagne pour une répartition plus équitable des milliards de dollars issus du pétrole nigérian au profit des habitants du delta avait fortement réduit la production, jusqu’à ce qu’une amnistie gouvernementale en 2009 mette fin aux troubles.
@Avec l’AFP