Nigeria : cette décision de Bola Tinubu fait chuter les prix de…

Nigeria karité

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Le marché du karité au Nigeria vit actuellement des moments difficiles. La raison à tout cela ? Le président Bola Tinubu a ordonné une interdiction de six mois sur l’exportation des noix brutes de karité depuis le 26 août 2025, selon Africa24. Cette mesure provoque donc des conséquences immédiates sur les prix de cette ressource précieuse.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les prix ont chuté de 33% en quelques jours, passant de 1,06 million de nairas la tonne à 800 000 nairas (521 dollars) selon Bloomberg, citant les données du cabinet Vestance de Lagos. Cette baisse spectaculaire est la preuve de l’impact direct de la politique gouvernementale sur les marchés agricoles.

Le gouvernement justifie cette décision par des objectifs économiques précis. Abubakar Kyari, ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, explique que cette mesure vise à « garantir l’approvisionnement des transformateurs locaux, créer des emplois et protéger une chaîne de valeur où 95% des cueilleuses sont des femmes » selon Sikafinance.

Par ailleurs, l’objectif est aussi de « limiter le commerce informel, améliorer l’utilisation des processeurs, capturer une valeur d’exportation plus élevée et stabiliser le secteur » d’après Voice of Nigeria.

Pour rappel, le Nigeria domine le marché mondial du karité. Le pays fournit près de 40% de l’offre mondiale de noix de karité, ce qui en fait le premier producteur planétaire. Cependant, le pays ne capte que moins de 1% d’un marché évalué à 6,5 milliards de dollars selon les données de Sikafinance. Cette situation pousse l’exécutif à favoriser la transformation locale plutôt que l’exportation de matières premières.

Les réactions du secteur se révèlent partagées. Mobola Sagoe, PDG de Shea Origin spécialisé dans les cosmétiques, considère cette interdiction comme « une chance de mettre fin à l’exportation illégale massive de noix brutes ». Ali Saidu, directeur général de Salid Agriculture Ltd., perçoit également ce moratoire comme une opportunité d’augmenter sa production de beurre de karité dans son usine du centre du Nigeria.

Toutefois, tous les acteurs ne partagent pas cette vision optimiste. Les exportateurs redoutent de lourdes pertes financières car leur activité repose largement sur les ventes internationales. Certains risquent même de ne pas honorer leurs contrats existants sans mesures d’accompagnement. Adesuwa Akinboro, directrice nationale de TechnoServe, adopte une position nuancée. Elle estime que « l’interdiction va initialement réduire le marché et entraîner une baisse des revenus », sans garantie d’amélioration rapide.

La durée de six mois soulève des interrogations sur son efficacité. Plusieurs observateurs estiment cette période trop courte pour produire des effets concrets sur la transformation locale. La transition vers une industrie de transformation compétitive nécessite généralement des investissements considérables et du temps pour se développer efficacement.

Par ailleurs, d’autres pays ouest-africains ont tenté des expériences similaires. Le Burkina Faso, le Ghana, le Mali et la Côte d’Ivoire ont également restreint leurs exportations pour favoriser la transformation locale. Ces précédentes initiatives montrent que la transition demande du temps et coûte cher, nécessitant un soutien politique et financier constant.

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