Dans un Nigeria en quête d’un nouvel élan économique, le président Bola Tinubu a signé une nouvelle loi pour moderniser le secteur des assurances.
En effet, le mardi 5 août 2025, le président Bola Tinubu a apposé sa signature sur la loi NIIRA 2025, un texte qui balaie les anciennes réglementations pour donner au secteur des assurances un souffle inédit. Remplaçant notamment la loi de 2003, cette réforme entend moderniser en profondeur le marché, renforcer la stabilité financière des compagnies et accroître leur poids dans la croissance nationale.
Le processus a été long et méthodique : adopté par le Sénat en décembre 2024, puis validé par la Chambre des représentants en mars 2025, le projet a fini par recevoir l’aval présidentiel.
Désormais, toutes les compagnies d’assurance et de réassurance opérant au Nigeria seront soumises à un cadre réglementaire plus strict, pensé pour protéger davantage les consommateurs tout en stimulant l’investissement.
Un arsenal de réformes ambitieuses
La NIIRA 2025 ne s’est pas contentée d’actualiser quelques règles : elle a redessiné la carte entière du secteur.
D’abord, les compagnies doivent désormais disposer d’un capital minimum plus élevé, gage de leur solidité face aux crises. Certaines assurances deviennent obligatoires, comme celles couvrant les véhicules ou les bâtiments publics, pour assurer une meilleure protection des citoyens.
Ensuite, le texte a également ouvert la voie à la numérisation massive du marché. Grâce à des plateformes en ligne et à l’usage du téléphone mobile, l’accès aux assurances devient plus simple et plus rapide pour la population. Les assureurs récalcitrants à indemniser dans les délais devront affronter des sanctions financières, tandis qu’un fonds de garantie a été instauré pour protéger les assurés en cas de faillite d’une compagnie.
Enfin, la participation à des dispositifs régionaux, telle la Carte Brune de la CEDEAO, a été renforcée pour élargir la couverture aux pays voisins.
Une ambition régionale et internationale
La Commission nationale des assurances (NAICOM) porte la responsabilité d’appliquer cette réforme. Elle y voit un levier pour rendre le Nigeria plus compétitif, non seulement au sein de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi sur le marché mondial. « La nouvelle législation marque une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour développer le secteur de l’assurance, plus de deux décennies après la promulgation de la loi sur les assurances de 2003 », a-t-elle affirmé, traduisant l’ampleur de cette mutation.
Un marché prometteur, mais encore en construction
En dépit de cette dynamique, le secteur reste modeste face aux géants africains. En 2024, le chiffre d’affaires global a atteint 1 562 milliards de nairas (près de 1 milliard $), soit une progression de 56 % par rapport à 2023. Les primes non-vie ont représenté 1 092 milliards de nairas, contre 470 milliards pour l’assurance-vie. Les sinistres réglés se sont élevés à 622 milliards de nairas, signe d’une activité réelle mais perfectible.
Le Nigeria ne pèse encore que 2,1 % des primes émises sur le continent, selon l’Organisation des Assurances Africaines.
En comparaison, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte et le Kenya captent près de 85 % du marché. Avec cette réforme, Abuja espère non seulement combler son retard, mais aussi s’imposer comme un pôle régional incontournable.
En promulguant la loi NIIRA 2025, le président Bola Tinubu offre au Nigeria une opportunité unique d’inscrire le secteur des assurances dans une nouvelle ère, où ambition et protection des citoyens vont de pair.