Nigeria : Bola Tinubu peut remercier le FMI, l’institution de…

Nigeria : Bola Tinubu peut remercier le FMI, l'institution de...

Crédit photo : Punch Newspapers

Le Nigeria a entamé, sous l’impulsion de Bola Tinubu, une série de réformes économiques soutenues par le FMI.

En voulant redresser la barre économique, la nation la plus peuplée d’Afrique se heurte à une dure réalité : les réformes, pourtant pensées pour stimuler la croissance, ont fragilisé ceux qui étaient déjà les plus exposés. Un paradoxe qui met en lumière les limites des recettes classiques du Fonds Monétaire International.

Dans un blog publié le 7 juillet 2025, le FMI a proposé trois priorités pour aider le Nigeria à exploiter pleinement son potentiel économique. S’appuyant sur le dernier rapport annuel, l’institution a reconnu les progrès réalisés depuis 2023, mais a alerté sur les fragilités persistantes.
Parmi ses recommandations, une croissance plus inclusive est jugée essentielle pour réduire pauvreté et insécurité alimentaire. Le FMI appelle à étendre les transferts monétaires, alors que 42 % des Nigérians vivent sous le seuil de pauvreté et que le revenu par habitant a reculé ces dernières années.

Mais avec des recettes fiscales inférieures à 10 % du PIB et une inflation dépassant 20 %, les marges sont restées limitées. Sans un soutien à la production, notamment agricole, ces mesures pourraient accentuer les pressions inflationnistes.

La deuxième priorité identifiée par le FMI porte sur l’établissement d’un cadre budgétaire efficace, jugé indispensable au développement économique. L’institution a recommandé ainsi des hypothèses budgétaires réalistes, une gestion rigoureuse des dépenses et une mise en œuvre transparente afin de renforcer la responsabilité publique.

Toutefois, l’arbitrage entre discipline budgétaire et investissements nécessaires au développement représente un défi majeur pour les autorités nigérianes.

En effet, le Nigeria doit répondre à d’importants besoins d’investissement, notamment dans le secteur énergétique, où les déficits chroniques limitent la capacité industrielle. Par ailleurs, les infrastructures routières défaillantes freinent le commerce intérieur, tandis que le système éducatif reste sous-financé. Ainsi, les autorités doivent trouver un équilibre entre stabilité macroéconomique et besoins de développement.

La troisième recommandation du FMI insiste sur l’augmentation continue des recettes domestiques, essentielle face aux besoins de financement dans des secteurs clés tels que l’agriculture, les infrastructures et l’adaptation climatique. Pour cela, l’institution préconise des réformes fiscales visant à simplifier le paiement des impôts et à garantir que tous les contribuables s’acquittent de leurs obligations, afin d’assurer une mobilisation durable des ressources.

« Le FMI suggère qu’à terme, une fois la crise du coût de la vie atténuée et le système de transferts monétaires pleinement opérationnel, il y aura de la place pour aligner les taux d’imposition sur ceux des pays voisins. Cette approche doit tenir compte du fait que le secteur informel représente plus de 60% de l’économie nigériane et que la classe moyenne, déjà pressurée par l’inflation, pourrait résister à une augmentation de la pression fiscale », a rapporté la nouvelle Tribune.

Depuis 2023, le FMI a salué les réformes engagées par le gouvernement nigérian, notamment la libéralisation du marché des changes, la fin du financement monétaire des déficits et la suppression des subventions sur les carburants. Ces mesures ont renforcé les réserves en devises et facilité l’accès au marché officiel.

Le Nigeria a également retrouvé la confiance des marchés internationaux, avec une amélioration de sa notation et la mise en service d’une grande raffinerie privée, symbole d’une volonté de montée en gamme dans le secteur pétrolier.

Cependant, la dévaluation du naira a alourdi le coût des importations, accentuant l’inflation et affaiblissant le pouvoir d’achat. La forte dépendance aux importations limite les effets positifs sur la production locale.

En parallèle, le pays reste vulnérable aux fluctuations du pétrole, qui représente encore 30 % des recettes publiques. Dans un contexte de transition énergétique et de concurrence régionale accrue, la diversification économique devient plus que jamais une urgence.

« La mise en œuvre des recommandations du FMI doit composer avec les dynamiques sociales et politiques complexes du Nigéria. La transparence budgétaire et la lutte contre la corruption, prônées par l’institution, se heurtent à des structures de pouvoir profondément enracinées où les élites politiques et économiques tirent souvent leurs revenus du contrôle des rentes pétrolières et des marchés publics. La résistance aux réformes constitue un aspect crucial, souvent sous-estimé, dans les analyses techniques, comme l’ont montré les manifestations contre la suppression des subventions aux carburants », a ajouté le média.

L’expérience d’autres pays émergents offre des enseignements contrastés. Ainsi, l’Argentine des années 1990 et la Grèce après 2010 montrent que l’austérité en période de faible croissance peut aggraver la récession et détériorer les conditions sociales.

À l’inverse, le Vietnam et l’Éthiopie ont démontré que des investissements publics massifs en infrastructures, malgré des déséquilibres budgétaires initiaux, peuvent poser les bases d’une croissance durable.

Dans ce contexte, le Nigeria dispose d’atouts majeurs : des ressources naturelles abondantes et un vaste marché intérieur de plus de 200 millions d’habitants. Ces leviers offrent un fort potentiel de transformation économique.

Cependant, les perspectives de réussite dépendront de la capacité des autorités à bien séquencer les réformes. Une approche graduelle, axée d’abord sur les infrastructures énergétiques et de transport, pourrait favoriser une diversification crédible.

Pour cela, un financement innovant s’impose, mêlant partenariats public-privé, aides internationales et gestion stratégique des revenus pétroliers via un fonds souverain dédié.

Enfin, le succès reposera sur un équilibre fin entre rigueur macroéconomique, développement à long terme et cohésion sociale, dans un contexte de transition exigeant.

Quoi qu’il en soit, les réformes amorcées au Nigeria sous l’impulsion de Bola Tinubu, et  avec le soutien du FMI posent les bases d’une croissance plus durable.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp