Niger : une partie des journalistes donne son soutien à la transition

‎Niger : grande décision de Niamey à l'endroit du Représentant du Fonds des Nations Unies pour la population

Crédit Photo : RFI

L’Union des journalistes pour le patriotisme en Afrique a rendu publique ce samedi 22 novembre 2025 sa déclaration de soutien au gouvernement du Niger. La cérémonie s’est déroulée à la salle DSR de la Radio-télévision du Niger à Niamey, le 22 novembre 2025. Cette association à but non lucratif entend promouvoir le patriotisme et la citoyenneté responsable au Niger, dans les pays de l’Alliance des États du Sahel et sur l’ensemble du continent africain.

Rachida Seyni Diori, présidente de l’UJPA, a lu la déclaration devant plusieurs personnalités. Le directeur général de l’Agence nigérienne de presse, celui de la Radio-télévision du Niger et le conseiller spécial du président de la République assistaient à l’événement. La présidente a évoqué les valeurs fondamentales qui caractérisent l’homme africain. Elle a précisé que ces valeurs peuvent être innées ou acquises par l’éducation familiale, scolaire ou professionnelle.

Un positionnement des journalistes dans un contexte particulier au Niger

Rachida Seyni Diori a déclaré selon l’Agence nigérienne de presse : « Dans cette ère de refondation de notre pays, le Niger particulièrement et des pays africains en général, où chacun aspire à une souveraineté, un nouveau patriotisme a vu le jour : celui du peuple pour le peuple et aussi par le peuple. » Elle a ajouté que l’Union des journalistes pour le patriotisme en Afrique « entend agir ici au Niger, dans les pays de l’AES et dans l’ensemble du continent africain. »

Les objectifs affichés par l’UJPA portent sur trois axes. D’abord, promouvoir le patriotisme et la citoyenneté responsable en Afrique. Ensuite, renforcer les capacités des journalistes africains pour qu’ils jouent un rôle actif dans cette promotion. Enfin, créer un réseau de journalistes engagés pour ces valeurs. L’association affirme que les médias jouent un rôle dans le développement d’un pays.

Une presse sous pression

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions entre le pouvoir et certains médias. Trois journalistes ont été placés en détention à la prison de Kollo début novembre. Ibro Chaibou, secrétaire de rédaction du groupe de presse Saraounia, Youssouf Seriba, directeur des Échos du Niger, et Oumarou Kané, directeur du Hérisson, sont poursuivis pour « complicité de diffusion de données susceptibles de troubler l’ordre public » selon la loi sur la cybercriminalité.

Les organisations de défense de la presse ont réagi. Reporters sans frontières a exprimé sa préoccupation. L’Union des journalistes de la presse libre africaine a appelé les autorités à la libération sans condition de tous les journalistes détenus. Transparency International a dénoncé une atteinte à la liberté d’expression. Bref, les voix critiques se multiplient à l’international.

Selon l’ONU, treize journalistes ont été arrêtés cette année au Niger, accusés de diffamation, d’atteinte à la sécurité nationale ou de complot contre l’autorité de l’État. Le Cadre d’action des professionnels des médias, CAP Médias-Niger, regroupement de journalistes favorable au régime militaire, a lui-même appelé les autorités à libérer tous les journalistes détenus et à mettre fin aux restrictions à la liberté d’expression.

Un secteur fragilisé économiquement

Les médias indépendants font face à des difficultés financières. Leurs employés accumulent des arriérés de salaires pouvant atteindre seize mois, selon CAP Médias-Niger. En septembre dernier, Hassane Zada, journaliste et figure de la société civile, a été condamné à trente mois de prison ferme pour « propos injurieux » à l’encontre du général Abdourahamane Tiani, chef de la transition. Ali Soumana, directeur de publication du Courrier, a été inculpé et écroué pour diffamation après une plainte du Premier ministre.

Le Niger occupe la 83ème position sur 180 pays dans le classement 2025 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays a perdu trois places par rapport à 2024. RSF classe le Niger en « zone orange », où la situation de la presse est considérée comme « problématique ». Le coup d’État du 26 juillet 2023 a été identifié par l’organisation comme « le catalyseur d’importantes violations de la liberté de la presse ».

RFI, radio pour laquelle travaillait Moussa Kaka, ancien correspondant et actuel directeur de Radio-télévision Saraounia, a été fermée par les autorités en août 2023. Selon Amnesty International, les violations des droits civils et politiques ont augmenté au Niger depuis le coup d’État. Les droits à la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de manifestation ont été restreints.

L’Union des journalistes pour le patriotisme en Afrique affirme dans sa déclaration vouloir « charrier tout homme ou toute femme qui aspire à une souveraineté à travers la promotion du patriotisme et de la citoyenneté responsable ». La présidente Rachida Seyni Diori a précisé : « Le patriotisme, c’est un engagement profond pour la nation et ses valeurs. Il est pour nous une vision partagée des valeurs fondatrices de la société africaine. »

Cette prise de position publique survient alors que le paysage médiatique nigérien connaît une profonde reconfiguration. Enfin, plusieurs acteurs du secteur s’interrogent sur l’équilibre entre soutien au gouvernement et exercice indépendant du journalisme dans un contexte où les autorités militaires multiplient les procédures contre les professionnels des médias.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp