Niger : l’exploitation de l’uranium fait réagir des chefs de villages

Niger : l’exploitation de l’uranium fait réagir des chefs de villages

Crédit Photo : Le Monde.fr

Au Niger, un projet d’exploitation de l’uranium a suscité l’inquiétude de plusieurs chefs de villages.

Ils sont déterminés à faire entendre leur voix face à des promesses qu’ils estiment non tenues.

En effet, dans les villages situés entre Arlit et Agadez, plusieurs chefs traditionnels ont publié un communiqué le 1ᵉʳ août 2025 pour interpeller la Société des mines de Dasa (Somida). Ils y dénoncent un manquement flagrant aux engagements initialement pris envers les populations locales, notamment en matière d’emploi, de transparence dans le recrutement et de retombées économiques pour les riverains.

En outre, si ces chefs ne s’opposent pas à l’exploitation des ressources minières dans leur région qu’ils reconnaissent comme stratégique pour le développement économique du pays, ils insistent sur un point essentiel : ce progrès ne doit pas se faire au détriment des populations locales ni compromettre l’avenir des générations futures.

Parmi les promesses non tenues, celle de recruter prioritairement des jeunes issus des villages environnants. Selon leurs témoignages, la Somida, détenue à 80 % par la société canadienne Global Atomic et à 20 % par l’État nigérien, aurait choisi d’embaucher majoritairement des personnes venues d’autres régions, écartant ainsi de nombreux jeunes locaux pourtant disponibles et compétents. Ce choix a ravivé un sentiment d’abandon et d’injustice chez les habitants.

Les chefs de villages critiquent également la manière dont le comité de recrutement a été constitué, regrettant l’absence de représentants locaux dans le processus. Ils réclament désormais d’y être directement associés, estimant qu’un tel projet, ancré sur leurs terres, ne peut se construire sans leur pleine implication.

Ce désengagement de la société minière a nourri une profonde frustration dans les villages concernés. Le communiqué évoque même un risque de rupture du lien social, avec des tensions croissantes susceptibles d’altérer la paix et la confiance nécessaires au bon déroulement du projet.

Face à cette situation, les chefs demandent à la Somida de prendre des mesures concrètes pour restaurer la confiance. Ils appellent également les autorités nigériennes à exercer leur rôle de contrôle, rappelant qu’une ordonnance adoptée l’an dernier oblige les sociétés minières à recruter prioritairement des Nigériens et à contribuer à l’élévation des compétences locales.

Au Niger, l’exploitation de l’uranium ne peut s’envisager sans une prise en compte sincère des attentes des populations locales, qui aspirent à être actrices du développement de leur territoire, et non simples spectatrices d’une richesse qui les concerne en premier.

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